Vanhaerents collectionne pour l'avenir

Gilles Bechet
10 mars 2023

Un ouvrage vient célébrer les quinze premières années de la VanhaerentsArtCollection en revenant sur ses expositions et sur une sélection de ses pièces les plus marquantes.

Walter Vanhaerents est un collectionneur atypique. Pas parce qu'il est le seul Belge repris dans la liste des 200 plus influents collectionneurs mondiaux dressée par Art news. Pas parce qu'il a décidé d'ouvrir au public les pièces de sa collection rassemblée depuis le début des années 1970. Pas parce qu'il lui arrive d'accueillir et de guider lui-même les visiteurs qui viennent admirer sa collection. C'est peut-être un peu pour tout ça, finalement.

Walter Vanhaerents aime à dire qu'il achète avec ses yeux et son cœur, pas avec ses oreilles. Par contre, il n'aime pas le terme collectionneur qui, pour lui, évoque les vieux bibelots et les collections de pièces de monnaie. Il aborde sa collection sans nostalgie aucune, avec le regard tourné vers le futur, vers tout ce que la passion de l'art peut lui amener.

En 2007, il confie au duo d'architectes Robbrecht & Daem le soin de transformer un ancien entrepôt de sanitaires dans un quartier populaire de Bruxelles, autrefois surnommé le Coin du diable, en un écrin pour sa collection. Une collection qui se caractérise par un grand éclectisme, une ouverture précoce aux artistes non occidentaux et par une imprégnation des totems de la pop culture.


Apparition-dévoilement

Un ouvrage vient célébrer les quinze premières années de la collection qui s'est fait connaître au public par trois expositions thématiques au titre inspiré par celui d'une chanson. À Disorder in the House (Warren Zevon) a succédé Sympathy for the Devil (Rolling Stones) et Man in the Mirror (Michael Jackson). Le Project Space, quant à lui, dévolu aux expositions monographiques s'est consacré à Mark Handforth, David Altmejd, AES + F, Philippe Parreno et Tomás Saraceno. Un passionnant programme complété par deux expositions « Hors les murs » à la Biennale de Venise. En 2018, il va introduire un nouveau concept de présentation : le Viewing Depot. Exposition et entreposage, ce qui est montré et ce qui est caché, se partagent désormais le même espace dans un jeu d'apparition-dévoilement des œuvres sorties des caisses et des rangements.

En Belgique, les collectionneurs privés jouent un rôle essentiel sur la scène artistique en prolongeant, complétant et parfois en anticipant le travail des institutions publiques. En montrant sa collection, Walter Vanhaerents, depuis 2020 secondé par son fils Joost et sa fille Els, espère inspirer d'autres personnes attirées par la même passion. En octobre prochain, les plus belles pièces de la VanhaerentsArtCollection se déploieront sur les trois étages du Tripostal à Lille. Sous le titre Au bout de mes rêves, emprunté cette fois-ci à JJ Goldman. Nous en reparlerons.

VanhaerentsArtCollection | Looking Ahead  | Editions Hatje Cantz  | 258 p  |  250 ill  | 50 €  | www.hatjecantz.de

 

Gilles Bechet

Rédacteur en chef

Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT

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