La symbiose de Marion Jdanoff et DoubleBob

Oriane Thomasson
01 juin 2023

Le Sterput présente une exposition de Marion Jdanoff et DoubleBob, où les deux artistes associent intimement leurs œuvres. Jusqu'au 18 juin.


Mettre en relation, imbriquer, lier, attacher, nouer jusqu’à rendre toute dissociation impossible, c’est bien là le maillage tissé dans cette exposition, où les deux artistes, DoubleBob et Marion Jdanoff, associent si intimement leurs œuvres, qu’il est impossible de saisir l’une sans délier l’autre. Aux fils tendus qui s'entrecroisent dans l’espace du Sterput sont suspendus une multitude de dessins, d’une incroyable finesse. Dans chacun, une micronarration se déploie dans laquelle il est possible de se perdre. Toutes se relient les unes aux autres par de mystérieux ponts inachevés, qui se poursuivent dans d’autres dessins selon des logiques poétiques et secrètes.  
 

Quelques minutes après que le temps s’arrête 

Une symbiose naît de la prolifération de ces feuilles de papier couvertes de dessins, connectées par des branchages, cordes, ficelles, tissus et brindilles, matériaux construisant également la cabane centrale, entièrement tapissée sur l’un de ses versants d’illustrations réalisées au papier carbone par DoubleBob. L’artiste, qui “ vit dans une caravane dont le plafond est à l’exacte hauteur de sa tête le matin ”, y dessine ces petites illustrations vouées à disparaître, regorgeant de précieux détails, d’animaux, de jeux de mots et de bribes poétiques. Depuis quinze ans, DoubleBob autoédite ou publie avec les éditions Frémok des ouvrages originaux et délicats, dont l’un vient de paraître à l’occasion de l’exposition QMAQLTSA - Quelques minutes après que le temps s’arrête -, un coffret contenant sept petits cahiers, soit au total trois cent trente-six dessins réalisés au papier carbone. 
 

“J’ai appelé ma mémoire Attila et je lui ai demandé de tout brûler derrière elle” 

Sur l’autre face de la cabane, le travail de Marion Jdanoff qui, pour l’exposition, a réalisé de grands formats colorés, semblables aux pages arrachées d’un carnet qui appartiendrait à un géant, dessinant à l’aide d’immenses crayons. La plupart sont suspendus en hauteur. Les formes souples et dansantes des illustrations de l’artiste se chevauchent, s’intercalent les unes devant les autres, jouant des superpositions et se répartissant sur différents plans de lecture. Des fragments de phrases aux allures de proverbes et des sentences esquissés avec humour viennent teinter de réalisme le monde fabuleux et onirique de Marion Jdanoff. Les recherches de l’artiste, qui a cofondé Palefroi en 2012 avec Damien Tran, sont multidirectionnelles et s’articulent autour d’autres pratiques comme la danse, l’architecture d’occupation publique, le four à pain... 

C’est au sein de son espace d’exposition et de distribution Le Sterput que l’asbl E² met en valeur des artistes contemporains alternatifs, qu’ils soient confirmés ou émergents. La programmation des expositions de cette galerie associative propose une vision de l’art, brute et sensible, populaire et accessible à tous. Edition et microédition sont également les supports d’expression privilégiés par l’asbl E². Un ouvrage est publié à l’occasion de chaque exposition et l’espace librairie du Sterput offre une sélection riche et pointue de livres d’artistes, fanzines et affiches. Le lieu est aussi un espace de rencontres et d’échanges, notamment grâce aux ateliers et autres événements culturels qui y ont lieu tout au long de l’année. 

L’édition Les quatre premiers jours de Charleroi, réalisée par les deux artistes pour l’exposition, est également à découvrir dans l’espace librairie.
 

DoubleBob et Marion Jdanoff 
Le Sterput 
rue de Laeken, 122
1000 Bruxelles 
Jusqu’au 18 juin 
Jeudi de 17h à 20h, et vendredi, samedi et dimanche de 14h à 18h 
sterput.org

Oriane Thomasson

Journaliste

Diplômée de l’ERG en Arts Visuels, photographe mais pas seulement, Oriane Thomasson s’intéresse à l’art dans tous ses états, avec une prédilection pour les arts non-européen, le dessin, et la peinture. Passionnée de littérature, l’histoire naturelle et les voyages sont pour elle à la fois une source d’inspiration, et de fascination. Après avoir obtenu l’agrégation en arts plastique, écrire pour Mu in the city sur les expositions qu’elle voit lui permet de partager un regard sur l’art, et son enthousiasme pour les artistes.