Marthe Wéry, haute en couleur

Muriel de Crayencour
13 septembre 2018

Pour appréhender Marthe Wéry, la rétrospective organisée début 2017 par le BPS22 fut une formidable occasion. Cette grande artiste belge, que plusieurs de nos collègues journalistes ont pu interviewer et rencontrer dans son atelier, décédée en 2005, continue d'émouvoir par son travail extrêmement intense sur la couleur et la texture.

Deux expositions en galerie aujourd'hui pour se redorer à pilule aux rayonnements cosmiques - c'est peu de le dire - de ses monochromes. L'une chez Pierre Hallet, qui présente une collection privée acquise dans l'atelier de l'artiste, entre 1950 et 1980. On y voit des séries sur toile verticale, comme celle dans une gamme de rouges, posée à même le sol dans la vitrine et parfois se chevauchant. Exactement comme furent installés ses monochromes dans le pavillon belge lors de la Biennale de Venise de 1982.

Wéry fabriquait elle-même ses couleurs, mélangeant les pigments, les déversant en couches liquides, les retirant en partie, dans un processus de métamorphose alchimique, rendant la surface finalement si chargée, si émotionnellement profonde que le spectateur peut en être bouleversé. Faire, défaire, refaire, chercher et expérimenter sur une même surface y inscrit toujours, semble-t-il, quelque chose d'intense, de l'ordre du rayonnement. « Je dois vivre la couleur comme quelque chose qui me fait avancer, tu comprends, » dira t-elle. D'autres peintures, sur carton, dans une gamme de bleus intenses.

L'autre exposition se tient dans la toute petite galerie Brigitte Geerinckx, à deux pas de la place Brugmann. Brigitte Geerinckx dont le regard et la sélection d'œuvres est toujours d'une grande justesse et d'une belel délicatesse. On y voit les aquatintes de cette grande artiste qui fut très longtemps professeur à Saint-Luc. Sur le papier, le monochrome vit une autre aventure, tout aussi intense. Utilisant les limites du papier, elle se joue du format, le divise et le structure en choisissant très précisément où placer son aplat.

Marthe Wéry semble apparaître de plus en plus sur le marché secondaire. C'est sans doute le moment pour les collectionneurs d'investir. Quoiqu'une visite pour découverte et adoration devrait vous enrichir tout autant.

 

Marthe Wéry. Une collection
Galerie Pierre Hallet
33 rue Ernest Allard
1000 Bruxelles
Jusqu’au 14 octobre
Mardi, jeudi, vendredi de 14h30 à 18h30
Samedi de 11h30 à 18h30, dimanche de 11h30 à 13h30
http://www.galeriepierrehallet.com/

Et

Marthe Wéry. Aquatintes et peintures
Galerie Brigitte Geerinckx
61 rue Emile Bouilliot
1050 Bruxelles
Jusqu’au 7 octobre
Du jeudi au samedi de 14h à 18h30, dimanche de 11h à 15h
http://www.galeriebrigittegeerinckx.be/

Muriel de Crayencour

Fondatrice

Voir et regarder l’art. Puis transformer en mots cette expérience première, qui est comme une respiration. « L’écriture permet de transmuter ce que l’œil a vu. Ce processus me fascine. » Philosophe et sculptrice de formation, elle a été journaliste entre autres pour L’Echo, Marianne Belgique et M Belgique. Elle revendique de pouvoir écrire dans un style à la fois accessible et subjectif. La critique est permise ! Elle écrit sur l’art, la politique culturelle, l’évolution des musées et sur la manière de montrer l’art. Elle est aussi artiste. Elle a fondé le magazine Mu in the City en 2014.

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