Matières premières chez Eleven Steens

Quatre nouvelles expositions se sont ouvertes chez Eleven Steens, réunissant trois artistes français, Benjamin Sabatier, Rachel Labastie et François Daireaux. Tous poursuivent le travail de réflexion entre art et matière amorcé par le lieu. Un brillant ensemble, à voir jusqu’au 29 juin. 

Après une exposition preview très réussie, - dont nous vous parlions ici - Eleven Steens continue de nous surprendre. Sur l’intégralité de ces quatre plateaux, Benjamin Sabatier, Rachel Labastie et François Daireaux subliment les possibilités de la matière.

Benjamin Sabatier (Mans, 1977) vit et travaille à Paris. Du béton, des poteaux, quelques poutres, charpentes et autres morceaux de bois… Pas de doute, le vocabulaire plastique de Benjamin Sabatier renvoie directement au monde de la construction et du gros œuvre. C’est d’ailleurs a cela que fait référence Structural Works, présentée au rez-de-chaussée. L’artiste y mène une réflexion sur la fonction des matériaux et sur leurs possibilités techniques. « Mon travail débute toujours par une découverte des qualités de la matière, des possibilités de la révéler ou de la transformer. Je fais des expériences », explique t-il. C’est par un processus d’assemblage et de compression que les matériaux sont transformés et révélés. Soulignons le fabuleux travail du béton qui semble perdre toute pesanteur pour devenir cette forme fragile et poétique. Dans la continuité de son travail sculptural, Sabatier vient explorer les possibilités plastiques de la peinture dans une deuxième exposition, Fault Line, présentée au dernier étage. A la manière d’une composition picturale, il assemble des morceaux de papier colorés qui donnent l’impression de paysages abstraits.

Rachel Labastie (Bayonne, 1978) vit et travaille à Bruxelles. Elle présente au premier étage d’Eleven Steens Sans feu, ni Lieu, une exposition d’une grande intensité qui donne matière à réflexion quant à l’idée du nomadisme. A l’entrée, quelques caisses de transport remplies d’argiles crues laissent apparaître les empreintes de pas que l’artiste a créées en écrasant la matière. C’est l’idée du déplacement et de la transmission que l’artiste met en avant, en réponse aux formes d’assignations et de conditionnements. Plus loin, ses Entraves et Entraves de groupe jouent des paradoxes. Les instruments de détention sont reproduits en porcelaine blanche et déposés comme de délicats objets. Voyez la série Des Forces, qui montre un très beau travail du marbre. 

Au deuxième étage, François Daireaux (Boulogne-sur-Mer, 1966) nous conte une histoire du monde. Depuis 25 ans, cet artiste ne cesse d’aller à la rencontre d’endroits particuliers. C’est à partir de ses expériences et de ses rencontres que son travail plastique prend forme. Il présente ici Blow Firozabad Bangles, une installation née de ses multiples allers et retours entre Firozobad en Inde et Meisenthal en Moselle. La ville de Firozabad est marquée par l’industrie du verre et par la fabrication des bracelets de verre bangles. Des bracelets que l’artiste va répertorier suivant les teintes de verre disponibles. 404 au total. 404 teintes de verre que François Daireaux va ramener au CIAV (Centre international d’Art verrier) à Meisenthal. De là vont naître 404 empreintes de verre soufflé par les artisans verriers du CIAV dans d'anciens moules sauvegardés, exposés ici dans Blow Firozabad Bangels. Ils sont posés sur le sol et accompagnés d'une vidéo nichée dans une petite cabane. L’ensemble est remarquable. À voir sans tarder.  

 

 

Benjamin Sabatier, Rachel Labastie & François Daireaux
Eleven Steens
11 rue Steens
1060 Saint-Gilles
Jusqu’au 29 juin
Du jeudi au vendredi de 14h à 18h

et le samedi de 12h à 19h 
www.elevensteens.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Caroline Razafimanantsoa

Secrétaire de rédaction - responsable réseaux sociaux

Diplômée en histoire de l’art de l’université Paris-Nanterre et titulaire d’un master complémentaire en diffusion des œuvres d’art contemporain de l’IESA, c’est la benjamine de l’équipe. Arrivée en 2017, elle est aujourd’hui assistante de rédaction. Elle écrit régulièrement sur les expositions qui ont attisé sa curiosité. Avec un petit penchant pour l’art contemporain et les arts émergents.

Articles de la même catégorie