Les mots de Max Wechsler à la galerie Faider

Dounia Dolbec
02 février 2023

Jusqu’au 11 février, la galerie Faider expose les œuvres du peintre Max Wechsler.

Du gris, du noir, du blanc, du papier déchiré, recollé, dispersé, des mots dans tous les sens, mélangés, illisibles, des écritures manuscrites retrouvées, assemblées, effacées… Le travail de Max Wechsler, né en Allemagne en 1925 et naturalisé français en 1980 est résolument lié à l’écriture, aux mots, aux traces et aux archives. Pendant un mois, la galerie Faider rend hommage à cet artiste abstrait disparu en 2020 à Paris.

Les tons sombres des œuvres de Wechsler contrastent avec la blancheur des hauts murs de la galerie Faider située à Saint-Gilles. Il faut s’en approcher pour percevoir la clarté des morceaux de papier collés sur un fond gris ou noir et les signes minuscules des lettres qu’on y discerne. Celles-ci ne forment pas de mots reconnaissables car Wechsler, proche du surréalisme, questionne davantage l’illisible que le réalisme. Il convoque notre pouvoir d’imagination et d’interprétation et déploie le potentiel poétique de la création pour exprimer, sans les nommer frontalement, les questions que ses peintures soulèvent.

À travers l’abstraction, Max Wechsler nous parle de langage et de communication, d’illisible et d’indicible. Il interroge notre rapport aux mots, à ceux qui restent, ceux qui disparaissent, ceux qui sont détournés, transmis, oubliés. Il y a aussi une forme d’universalisme dans ces lettres qui forment des écritures propres à chaque civilisation, peu importe leur sens et leur message. Ses tableaux revêtent une dimension essentielle dans la mesure où ils évoquent quelque chose de plus grand qu’eux. On y lit des signes qui racontent leurs origines mais aussi leur transformation et qui nous disent que rien ne peut être tout à fait effacé.

Le peintre convoque ainsi les mémoires et les souvenirs enfouis dans le papier, ce matériau traversé par le temps qui le transforme et l’altère. Il y a un travail impressionnant de la matière dans les œuvres de Max Wechsler, qui découpe et recolle des morceaux de textes écrits par d’autres ou par lui-même sur des toiles ou sur du bois. Le papier flotte ou s’agglutine, créant du relief, différentes textures, des froissements et des flottements. Les toiles deviennent archives de l’archive, donnant une nouvelle vie, une nouvelle forme à des mots non compréhensibles, à des histoires passées, une autre manière d’écrire, de communiquer, d’informer, d’interpréter et de transmettre l’histoire collective et intime.

 

Max Wechsler
Galerie Faider
rue Faider, 12
1060 Bruxelles
Jusqu'au 11 février
Du mercredi au samedi de 14h à 18h

http://www.galeriefaider.be/index.php

Dounia Dolbec

Journaliste