:mentalKLINIK, étincelant

Caroline Razafimanantsoa
22 novembre 2018

À La Patinoire Royale, le duo d’artistes :MentalKLINIK, présente quinze années de créations, colorées, scintillantes, presque étourdissantes. Une première en Belgique, à découvrir jusqu’au 8 décembre.

:mentalKLINIK est un duo d’artistes qui rassemble Yasemin Baydar et Birol Demir, tout deux originaires d’Istanbul. Leur collaboration démarre en 1998, avec l’idée de créer un laboratoire d’expérimentations artistiques, qui ne se limiterait pas à un type de vocabulaire plastique. Le duo expérimente toutes les formes d’art et porte une attention particulière à la matière qui en devient presque sacralisée. Résines, paillettes, aluminiums, verres trempés, néons, plastiques, :mentalKLINIK s’amuse de notre fascination pour les objets miroitants et ironise par la même occasion notre réalité contemporaine. À l’image de leurs créations artistiques, leur curieux nom de scène est une contraction d’un travail théorique et mental et d’une approche pratique et clinique.

Sur la façade de la galerie déjà, les grandes ouvertures sont occultées d’un film rose vif, réfléchissant le reflet des passants. Le ton est donné. Une fois à l’intérieur, c’est la profusion des couleurs qui saute tout de suite à l’œil. Face à nous, l’œuvre animée WHIFF, - sorte de peinture 2.0 - projette des poignées de confettis multicolores. Hypnotique, l’œuvre tourne et se répète dans une sorte de célébration du vide. Sur l’estrade, ce sont cinq aspirateurs-robots, cracheurs de paillettes qui se déplacent en même temps sur le sol, dessinant traces et empreintes. Deux installations lumineuses se font face et surplombent l’ensemble : Are you liked enough ?Are you fit enough ? Artificielle et séduisante, l’installation est en fait plutôt grinçante. Au centre, deux autres installations, recouvertes de polyester métallisé nous invitent à pénétrer à l’intérieur. L’une d’entre elle présente une série d’œuvres faites de paillettes, fixées par de la résine transparente, et colorée en noir. Là encore, c’est la matière qui est exaltée.

Une large majorité des pièces présentes dans l’exposition, convoque le reflet du spectateur, célébrant ainsi nos légers penchants à l’égocentrisme. Plus exactement, ces œuvres interrogent notre rapport à l’image, colossal à l’ère des réseaux sociaux.  La série Perfect Lovers - en hommage à la poétique installation de Felix Gonzalez Torres - laisse apparaître deux ellipses colorées sur fond de miroir. Difficile de ne pas se laisser envoûter par le côté ludique de l’œuvre. L’espace du bas, lui, offre à voir quelques couvertures du Time Magazine, joyeusement décorées d’autocollants pour enfants. En arrière-fond sonore, une sonnerie de téléphone résonne en boucle. Signal inquiétant d’un retour à la réalité. L’atmosphère magique et colorée se volatilise,  au profit d’un autre monde, aux significations bien plus dérangeantes.

 

:mentalKLINIK
Obnoxiously Happy
La Patinoire Royale - Galerie Valerie Bach
15 rue Veydt
1060 Bruxelles
Jusqu'au 8 décembre
Du mardi au samedi de 11h à 18h
http://www.prvbgallery.com/

Caroline Razafimanantsoa

Secrétaire de rédaction - responsable réseaux sociaux

Diplômée en histoire de l’art de l’université Paris-Nanterre et titulaire d’un master complémentaire en diffusion des œuvres d’art contemporain de l’IESA, c’est la benjamine de l’équipe. Arrivée en 2017, elle est aujourd’hui assistante de rédaction. Elle écrit régulièrement sur les expositions qui ont attisé sa curiosité. Avec un petit penchant pour l’art contemporain et les arts émergents.