Nous l'avons tous appris samedi, les musées et centres d'art bruxellois doivent fermer leurs portes jusqu'au 19 novembre. Cette mesure soudaine, qui s'explique par la situation sanitaire, met en péril une nouvelle fois les lieux dédiés aux arts visuels, mais aussi toutes les structures qui gravitent autour des musées et centres d'art.
La Brussels Museums asbl, fédération de 115 musées bruxellois, regrette néanmoins la manière unilatérale et hâtive dont cette décision de fermeture des musées a été prise. D’autant que quelques heures seulement avant cette décision, le Gouvernement fédéral permettait au secteur de continuer ses activités. Aujourd’hui donc, seuls les musées bruxellois doivent fermer leurs portes...
« Notre secteur n’a jamais été consulté sur la possibilité même de fermeture par le gouvernement dela Région bruxelloise, ce que nous regrettons vivement », explique Pieter Van der Gheynst, directeur de Brussels Museums.
Au regard de la situation dans laquelle se trouvent les musées depuis mars et des protocoles très stricts mis en place dès leur réouverture en mai, le sentiment de détresse du secteur est immense. La santé des visiteurs et des employés des musées est une priorité pour nous tous et la mise en œuvre des nombreux protocoles sanitaires s’est toujours faite sans attendre et avec la plus grande précaution. Au vu du respect des mesures déjà appliquées depuis des mois (distance entre visiteurs, port du masque, réservation selon des jauges de visiteurs restreintes, nombre de visiteurs total admis, mesures d’hygiène) et de la fermeture supplémentaire de l’horeca depuis peu dans ces lieux, rien ne démontre à ce jour que les musées représentent un cluster de propagation du virus significatif.
De surcroit, nous devons aussi rappeler le poids économique des industries culturelles et créatives à Bruxelles, qui emploient des milliers de personnes et sont un moteur économique énorme pour laRégion. Fermer les musées, c’est mettre un nombre important de travailleurs et d’artistes dans une sérieuse difficulté économique. N'oublions pas que de nombreux musées ont ouvert leurs portes à perte ces derniers mois, compte tenu du confinement du printemps, la baisse du nombre de visiteurs et de l'augmentation des coûts. Cela veut dire que pour beaucoup à l’heure actuelle, la situation devient progressivement intenable. (via le communiqué de presse de Brussels Museums asbl)
Autour des musées, il y a des dizaines de métiers : les artistes, bien évidemment, mais aussi les guides, régisseurs, fabricants de mobilier d'exposition, ... critiques et journalistes. Les pages culture des quotidiens papiers sont réduits à la portion congrue. Et chez Mu in the City, ce magazine online qui vient de fêter ses sept années d'existence, plus de 60 % du budget du magazine dépend des bannières publicitaires. Nous sommes une équipe de près de 20 free-lances. Si les musées ferment, plus de bannières pub. Et plus tard, n'ayant pas vendus de billets d'entrée, le budget communication de ces musées sera le premier a être réduit ou supprimé. Nous pouvons faire beaucoup avec de la passion, une curiosité insatiable et un travail acharné. Mais il nous faut aussi un peu de moyens. La situation devient très très tendue.
En attendant la réouverture des musées bruxellois, il y a de jolies choses à voir en galeries et nous continuerons à vous en parler. Il y a aussi de belles expositions en dehors de Bruxelles et les articles prévus dans les jours qui viennent vous en détailleront les délices.
Fondatrice
Voir et regarder l’art. Puis transformer en mots cette expérience première, qui est comme une respiration. « L’écriture permet de transmuter ce que l’œil a vu. Ce processus me fascine. » Philosophe et sculptrice de formation, elle a été journaliste entre autres pour L’Echo, Marianne Belgique et M Belgique. Elle revendique de pouvoir écrire dans un style à la fois accessible et subjectif. La critique est permise ! Elle écrit sur l’art, la politique culturelle, l’évolution des musées et sur la manière de montrer l’art. Elle est aussi artiste. Elle a fondé le magazine Mu in the City en 2014.
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