Nancy Seulen expose ses peintures et dessins à la Galerie Marie-Ange Boucher. Une plongée dans un monde flottant tout en retenue méditative entre obscurité et lumière. Jusqu'au 29 avril.
Les peintures et les dessins de Nancy Seulen n'ont pas besoin de beaucoup d'espace pour exister. Certaines pièces sont très petites. Et ce qu'on y voit, c'est tout un monde. On voit un paysage, ou peut-être pas. Ça n'a finalement que très peu d'importance. Ce sont des peintures et des traits, à huile et au pastel gras, qui vibrent de matière. Des trouées de lumière entre des masses cotonneuses où l'on croit distinguer la forme d'un fourré, la silhouette d'un arbre, un pignon de mur ou encore un intérieur avec l'ombre d'une chaise ou d'un lit. Comme un écho de ces heures indécises entre la nuit et le jour où les apparences sont trompeuses. Peu ou pas de personnage dans ces paysages extérieurs ou intérieurs. La seule présence est celle ou celui qui regarde absorbé.e dans la révélation du temps long.
Entre paysage et abstraction, tout se passe dans la tête, à tel point que six de ses compositions, de format vertical, peuvent être indifféremment accrochées dans un sens ou dans un autre. Entre ciel et reflets, rien n'est figé dans l'estompement des formes.
Et c'est parce qu'elle croit dans la puissance d'évocation et de vibration lumineuse de la peinture qu'elle fait confiance à une gamme réduite de tonalités et de teintes sombres où se mêlent les vert, gris, marron et bleu.
Nancy Seulen est une artiste discrète qui, depuis une vingtaine d'années, n'a pratiquement exposé qu'en galerie. Elle pratique, avec une dextérité absente de toute esbroufe, une peinture à l'ancienne à l'huile sur bois ou de toiles marouflées sur carton. Un diptyque fait par ailleurs inconsciemment penser à un paysage du quattrocento vu depuis une fenêtre. Elle a aussi réalisé un petit retable, peint de part et d'autre, que l'on peut contourner comme on entre dans un monde de silence et de vibration, d'où émerge un parfum où l'on croirait distinguer l'herbe coupée et l'huile de lin.
En alternance avec les œuvres de Nancy Seulen sont accrochés des fusains de Philippe Desomberg, décédé fin 2021, un ami avec qui elle a partagé des émotions artistiques et dont la galerie occupe l'ancien atelier. Par une fenêtre dans un mur du fond, on peut d'ailleurs voir un ensemble de sculptures laissées par l'artiste.
Nancy Seulen
Galerie Marie-Ange Boucher
5 avenue du Grand Forestier
1170 Watermael-Boisfort
Jusqu'au 29 avril
Du vendredi au dimanche de 13h à 18h
www.galeriemab.com
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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