Nick Hannes, la belle laideur

Le photographe anversois Nick Hannes (1974) donne sa vision d’une certaine société néolibérale, dans un style réaliste, sensible et humoristique. L’exposition Playground, à découvrir au PointCulture Namur jusqu’au 31 juillet, combine les œuvres de deux séries photographiques récentes : Mediterranean. The Continuity of Man (2014) et Garden of Delight (2018).

Pour cette exposition qui compile deux séries documentaires, Nick Hannes a spécifiquement choisi des images liées au divertissement et au consumérisme, d’où le titre Playground. Parmi ses photos de la guerre en Lybie, des migrants et d'autres sujets bouleversants, il a sélectionné les plus légères. « C’est une histoire complexe. Ici, j'ai sélectionné plutôt des photos humoristiques mais qui parlent aussi de notre époque. » Au-delà d’une apparence joyeuse et colorée, l’exposition reste une critique de la société : celle de Dubaï, de la situation des migrants en Méditerranée et de la surconsommation en général.

Dubaï, monde artificiel 

La série sur Dubaï est une critique sociale. La ville a connu une sorte d’urbanisation motivée par l'argent, le luxe et la consommation. « C’est un lieu où il y a peu de place pour la culture, la poésie, le rock-'n'-roll, l'âme de la société... C'est un monde vide. C'est aussi une ville qui manque fâcheusement d'histoire », témoigne Nick Hannes. Dans les photos exposées - notamment ce paysage de ski reconstitué en intérieur - Dubaï se montre comme une construction, une simulation.

Beaucoup de choses à Dubaï se passent dans un espace intérieur artificiel, dont le centre commercial, le parc d'attractions, le club de vacances, telles des capsules dans la ville... « Les gens sont à l’intérieur car il fait très chaud dehors mais ce n’est pas l’unique raison. Dubaï est un univers très contrôlé. Il y règne une sorte de simulation d'espace ouvert. Sécurité, caméras, personnel, tout est contrôlé, tout est très prévisible là-bas, il n’y a aucune surprise, c’est très ennuyeux... Si vous vous promenez ici à Namur, ou dans une autre ville, une ville plus ancienne, il y a des surprises, un musicien de rue, des enfants qui jouent au football, des étudiants qui mangent sur la place... A Dubaï, vous ne voyez jamais cela. Tout est contrôlé et réglementé. »

Des années de travail, de voyages et de recherches

Nick Hannes a travaillé comme photo-journaliste pendant 8 ans. Ici, il ne s’agit pas de journalisme mais bien de documentaires personnels, « l'intention n'est pas d'être objectif », nous dit-il. Il choisit généralement ses propres sujets et accepte peu de commandes. Son travail de professeur à l’Académie de Gand lui permet de vivre sans s'inquiéter de ce que peuvent rapporter ses photographies. Les thèmes qu’il aborde sont toujours contemporains avec une base soit politique, soit sociale ou écologique. « La différence avec le travail journalistique, c’est qu’ici je prends le temps de m'investir. Il ne s'agit pas d’actualité mais bien d’histoires sur la condition humaine. » On découvre dans cette exposition son idée du monde et des phénomènes de société ainsi que ses impressions personnelles imprimées sur photo.

Nick Hannes travaille toujours sur un temps long. Dans le cas de la Méditerranée, il s'agissait de cinq ans et vingt voyages. Pour Dubaï : trois années et cinq voyages. Et beaucoup, beaucoup de recherches. « Sur place, j’ouvre mon regard et laisse coïncider les choses. Je dois être patient. »

Si le ciel est gris, alors le ciel est gris

Sur ses photos, il se passe toujours quelque chose… « Je trouve cela fascinant de voir comment les gens se tiennent dans leur environnement, comment ils trouvent une place. Cela révèle des contrastes fascinants. » Nick Hannes photographie en couleurs, très attentivement. Très peu de post-production et beaucoup de patience : « J'essaie de tout faire bien sur le moment, de la lumière à la composition. Si le ciel est gris, alors le ciel est gris, je n'essaie pas de le rendre bleu. J'essaie de faire de jolies images de choses moches. [rires] » Nick Hannes laisse la situation telle qu'elle est. L’effet théâtral de ses photos n’est pas construit, or il est bien présent, le tout est d’attendre qu’il advienne et de prendre la photo au bon moment.

Nick Hannes
Playground
PointCulture Namur
18 avenue Fernand Golenvaux
5000 Namur
Du mardi au samedi de 11h à 18h
Entrée libre
www.pointculture.be

Nick Hannes, la belle laideur

Le photographe anversois Nick Hannes (1974) donne sa vision d’une certaine société néolibérale, dans un style réaliste, sensible et humoristique. L’exposition Playground, à découvrir au PointCulture Namur jusqu’au 31 juillet, combine les œuvres de deux séries photographiques récentes : Mediterranean. The Continuity of Man (2014) et Garden of Delight (2018).

Pour cette exposition qui compile deux séries documentaires, Nick Hannes a spécifiquement choisi des images liées au divertissement et au consumérisme, d’où le titre Playground. Parmi ses photos de la guerre en Lybie, des migrants et d'autres sujets bouleversants, il a sélectionné les plus légères. « C’est une histoire complexe. Ici, j'ai sélectionné plutôt des photos humoristiques mais qui parlent aussi de notre époque. » Au-delà d’une apparence joyeuse et colorée, l’exposition reste une critique de la société : celle de Dubaï, de la situation des migrants en Méditerranée et de la surconsommation en général.

Dubaï, monde artificiel 

La série sur Dubaï est une critique sociale. La ville a connu une sorte d’urbanisation motivée par l'argent, le luxe et la consommation. « C’est un lieu où il y a peu de place pour la culture, la poésie, le rock-'n'-roll, l'âme de la société... C'est un monde vide. C'est aussi une ville qui manque fâcheusement d'histoire », témoigne Nick Hannes. Dans les photos exposées - notamment ce paysage de ski reconstitué en intérieur - Dubaï se montre comme une construction, une simulation.

Beaucoup de choses à Dubaï se passent dans un espace intérieur artificiel, dont le centre commercial, le parc d'attractions, le club de vacances, telles des capsules dans la ville... « Les gens sont à l’intérieur car il fait très chaud dehors mais ce n’est pas l’unique raison. Dubaï est un univers très contrôlé. Il y règne une sorte de simulation d'espace ouvert. Sécurité, caméras, personnel, tout est contrôlé, tout est très prévisible là-bas, il n’y a aucune surprise, c’est très ennuyeux... Si vous vous promenez ici à Namur, ou dans une autre ville, une ville plus ancienne, il y a des surprises, un musicien de rue, des enfants qui jouent au football, des étudiants qui mangent sur la place... A Dubaï, vous ne voyez jamais cela. Tout est contrôlé et réglementé. »

Des années de travail, de voyages et de recherches

Nick Hannes a travaillé comme photo-journaliste pendant 8 ans. Ici, il ne s’agit pas de journalisme mais bien de documentaires personnels, « l'intention n'est pas d'être objectif », nous dit-il. Il choisit généralement ses propres sujets et accepte peu de commandes. Son travail de professeur à l’Académie de Gand lui permet de vivre sans s'inquiéter de ce que peuvent rapporter ses photographies. Les thèmes qu’il aborde sont toujours contemporains avec une base soit politique, soit sociale ou écologique. « La différence avec le travail journalistique, c’est qu’ici je prends le temps de m'investir. Il ne s'agit pas d’actualité mais bien d’histoires sur la condition humaine. » On découvre dans cette exposition son idée du monde et des phénomènes de société ainsi que ses impressions personnelles imprimées sur photo.

Nick Hannes travaille toujours sur un temps long. Dans le cas de la Méditerranée, il s'agissait de cinq ans et vingt voyages. Pour Dubaï : trois années et cinq voyages. Et beaucoup, beaucoup de recherches. « Sur place, j’ouvre mon regard et laisse coïncider les choses. Je dois être patient. »

Si le ciel est gris, alors le ciel est gris

Sur ses photos, il se passe toujours quelque chose… « Je trouve cela fascinant de voir comment les gens se tiennent dans leur environnement, comment ils trouvent une place. Cela révèle des contrastes fascinants. » Nick Hannes photographie en couleurs, très attentivement. Très peu de post-production et beaucoup de patience : « J'essaie de tout faire bien sur le moment, de la lumière à la composition. Si le ciel est gris, alors le ciel est gris, je n'essaie pas de le rendre bleu. J'essaie de faire de jolies images de choses moches. [rires] » Nick Hannes laisse la situation telle qu'elle est. L’effet théâtral de ses photos n’est pas construit, or il est bien présent, le tout est d’attendre qu’il advienne et de prendre la photo au bon moment.

Nick Hannes
Playground
PointCulture Namur
18 avenue Fernand Golenvaux
5000 Namur
Du mardi au samedi de 11h à 18h
Entrée libre
www.pointculture.be

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