Ode à la vie à Cassel

À l’occasion du 450e anniversaire de la disparition de Pieter Brueghel l’Ancien (1510-1520/1569), le Musée de Flandre à Cassel honore le grand maître flamand à travers un prisme inédit, celui des Fêtes et Kermesses au temps des Brueghel. 

450 ans après la mort de Pieter Brueghel l’Ancien, l’Europe continue de célébrer son ingéniosité. À Vienne, une grande rétrospective lui rendant hommage a eu lieu, fin 2018, au Kunst Historisches Museum, rassemblant pas moins de 90 œuvres. À Bruxelles, les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique proposent une immersion virtuelle dans ses œuvres, tandis que Bozar revisite le XVIe siècle, le siècle des Bruegel. De même, le Musée de Flandre - qui ambitionne de faire découvrir la richesse et la diversité de la culture flamande - prend part à cet événement en consacrant une exposition singulière, qui porte un éclairage inédit sur les fêtes et les kermesses. 

Des paysans qui boivent, dansent et ripaillent, quelques détails grotesques, c’est certain, nous avons tous en tête ces images de fête peintes par Pieter Bruegel L’Ancien. Pourtant, on ne compte à ce jour que trois kermesses et noces villageoises peintes par le maître. En réalité, ce sont ses fils, Pieter II Brueghel et Jan I Brueghel qui vont faire perdurer l’idée de la fête brueghélienne.

 

 

Les origines de la fête 


Si Brueghel a transcendé le thème des fêtes et des noces paysannes, il n’en est pas pour autant l’auteur. Des le début du XVIe siècle, plusieurs peintres et graveurs abordent le thème des fêtes villageoises. C’est le cas de Dürer, qui en 1514 réalise plusieurs gravures satiriques de paysans dansants. Petit à petit, va s’installer dans l’art flamand cette iconographie festive où l’innovation se fait essentiellement dans la représentation et dans la capacité à lier le profane et le sacré. Les représentations de processions religieuses, de kermesses et de noces sont désormais truffées de symboles et de détails qui permettent de faire coexister sacré et païen. Notons à titre d’exemple l’utilisation répétée de la cruche lors des représentations de noces, qui symbolise - lorsqu’elle n’est pas fêlée - la virginité de la mariée. 

 

 

 

Une tradition perpétuée 


À la mort de Pieter Brueghel l’Ancien, une grande partie de ses œuvres ont été vendues ou brûlées. Ce sont ses dessins qui ont permis à ses fils et successeurs de rendre la fête brueghélienne indémodable. Jan I Brueghel, dans La Danse de noces, exécutée vers 1600, s’inspire très fidèlement de l’estampe réalisée vers 1570 par la maison d’édition Aux quatre vents de Hiéronimus Cock, d’après une invention de Brueghel l’Ancien. Cette œuvre - très proche de celle de son père - montre toute la finesse de Jan I Brueghel dans la gestion de l’espace. On retrouve une atmosphère joyeuse où les personnages massifs dansent et boivent. Contrairement à son père, Jan I Bruegel montre son goût pour les paysages en peignant une végétation abondante. Il s’affirme également dans ses gammes de couleurs : les rouges très denses sont contrebalancés par les blancs qui permettent à l’œil de circuler dans l’œuvre. Plusieurs générations des contemporains de Pieter Brueghel l’Ancien vont, au fil des siècles, continuer de revisiter ses modèles : Martin I Van Cleve et Pieter Balten à la fin du XVIIe, puis David Vinckboons et Nicolas de Bruyn au XVIIIe. Un siècle durant lequel réapparaît l’art courtois et ses représentations de l’amour, très prisées à l’époque médiévale. Les fêtes paysannes seront alors accompagnées de scènes galantes, à l’image de Scène galante dans un jardin de David I Vinckboons. 

Cette exposition est l’occasion de découvrir la grande liberté artistique qui anime la Flandre des XVIe et XVIIe siècles. Elle permet également de replacer Les fêtes brueghéliennes dans un contexte artistique plus large. Soulignons l’attention particulière portée à l’aspect didactique : vidéos,  tablette interactive, cartels explicatifs avec focus sur des détails… Voilà de quoi percer le mystère Brueghel. À voir !

 

 

 

 

 

Fêtes et kermesses au temps de Brueghel 
Musée de Flandre
Cassel
France 
jusqu'au 14 juillet 
www.museedeflandre.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Caroline Razafimanantsoa

Secrétaire de rédaction - responsable réseaux sociaux

Diplômée en histoire de l’art de l’université Paris-Nanterre et titulaire d’un master complémentaire en diffusion des œuvres d’art contemporain de l’IESA, c’est la benjamine de l’équipe. Arrivée en 2017, elle est aujourd’hui assistante de rédaction. Elle écrit régulièrement sur les expositions qui ont attisé sa curiosité. Avec un petit penchant pour l’art contemporain et les arts émergents.

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