Jusqu’au 30 avril, deux femmes peintres se retrouvent aux cimaises de la Schönfeld Gallery. Entre résonances et contrastes, le dialogue de Krista Autio et Alison Pilkington voyage de l’épure au foisonnement narratif avec quelques détours du côté du surréalisme.
Sous son nom joliment fantaisiste, Somewhere the Zebra is dancing fait dialoguer deux plasticiennes aux horizons très différents. C’est Alison Pilkington qui ouvre la danse avec quelques toiles aux formats variés. Dans ses compositions, bruisse une vie étrange où de petites créatures, toutes pattes et antennes dehors, cheminent dans un cosmos bariolé. Roses tendres, bleus ou verts acidulés scandent cet univers un brin surréaliste et d’une étrange légèreté. A côté des grands formats, d’attachantes petites aquarelles déroulent ce petit monde intérieur (Meet me at Whispering Bay ; Carnival Creatures).
A plusieurs reprises, on reconnaît les paysages des rivages infinis du Nord de l’Irlande, terre natale de Pilkington. Sous la douceur apparente des teintes pastel gronde une forme de noirceur. Celle de l’ennui d’une jeunesse passée dans la cité balnéaire de Silgo, à laquelle l’artiste a récemment consacré un livre illustré et plusieurs toiles. L’imagination débridée est-elle un remède à la mélancolie ? Sûrement, nous répond Pilkington avec cette série très personnelle qui explore les méandres de sa psyché sans se départir d’un humour en clair-obscur.
Face à la prose visuelle de Pilkington, Krista Autio choisit un registre plus dépouillé. Les abstractions colorées de la peintre finlandaise installée à Bruxelles touchent à l’essentiel. Ses color fields, tels des nuanciers, virent du rouge incandescent au rose en passant par le brique. Les couches de peinture à l’huile (une dizaine, parfois), patiemment superposées, suscitent un jeu de reliefs à peine perceptible. Un processus de stratification quasi méditatif dont nous vous parlions déjà ici, à l’occasion d’une précédente exposition de la peintre dans la capitale.
Sa quête d’essentiel n’empêche pas l’audace, notamment quand elle strie un noir profond de bandes blanches. Jouant d’un contraste plus flagrant, cette œuvre rappelle ses précédentes séries consacrées aux dessins aléatoires formés par les marquages au sol des pistes d’atterrissage. En donnant une matérialité singulière à la couleur, Autio complexifie le monochrome en d’infinis détails où l’œil se perd volontiers.
Dans Somewhere the Zebra is dancing, Pilkington et Autio forment un duo détonant, qui, tout en jouant sur des registres différents, se contraste autant qu’il se complète.
Somewhere the Zebra is dancing
Schönfeld Gallery
Rivoli Brussels
690 chaussée de Waterloo
1180 Bruxelles
Jusqu’au 30 avril
Du jeudi au samedi de 14h à 18h
www.schonfeldgallery.com
Journaliste
Historienne de l’art avec un goût prononcé pour l’art contemporain, Mylène Mistre-Schaal est collaboratrice régulière pour le magazine culturel Novo. Elle écrit également pour le city-magazine français ZUT et pour la revue Hermès. Co-autrice du livre L’Emprise des Sens aux éditions Hazan, elle s’intéresse tout particulièrement aux rapports sans cesse renouvelés entre l’art et les cinq sens.
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