Patrick Van Ghendt expose ses estampes au Salon d'art, des images sans sujet composées par superposition et association d'autres images pour créer une troublante profondeur.
Dans une autre vie, Patrick Van Ghendt est architecte, il construit des espaces, des lieux de vie avec rigueur et précision. Dans ses estampes, il construit d'autres mondes à habiter du regard. À première vue, on ne distingue que des formes fuyantes, des ombres, des reflets, des lueurs comme un paysage urbain observé depuis la vitre d'un train à grande vitesse. Les couleurs sont délavées, des gris bruns, des gris verts, bleus, plutôt sombres, mais parfois une couleur plus lumineuse comme un jaune timide s'étale sur le papier.
Ce sont des images qui évoquent plus qu'elles ne représentent et où chacun verra ce qu'il veut y voir. Pour composer ses images, Patrick Van Ghendt assemble de manière tout à fait intuitive des photos qu'il a prises. Ça peut être un pan de mur, un élément de façade, une moulure de porte ou un pied de table. « Je regarde beaucoup de films. J'ai beaucoup de références. Je me dis que l'inconscient capte sans cesse des histoires. Face à l'image, je ne suis pas face à l'inconnu. Il y a un sentiment de familiarité qui me sert de catalyseur. » Il voit ses images comme des caractères de typographie avec lesquels il compose des phrases.
Techniquement, il aime prendre le contrepied de ce qui est habituellement attendu en gravure. Ses œuvres sont le produit d'expérimentations de laboratoire à partir de photos petit format, assemblées, dissociées. Il passe par des films polyester, pour ensuite imprimer sur papier avec une imprimante à plans. En superposant deux, trois ou quatre images, il crée entre elles un espace immatériel qui suggère de la profondeur. « Contrairement à mon travail d'architecture, j'accueille dans mon travail de composition et d'impression les imprévus et les accidents. » Parfois sur le film polyester réapparaissent des traces d'anciennes images qui se superposent aux nouvelles pareilles aux palimpsestes du Moyen Àge ou au fonctionnement de la mémoire. Dans une même série, deux estampes ne sont jamais pareilles et les estampes d'aujourd'hui ne sont plus celles d'il y a deux ans. La gamme de couleurs, par exemple, a évolué. L'entremonde que crée l'artiste avec ses images n'a d'autres frontières que celle de l'inconscient. On peut s'y retrouver comme on peut s'y perdre.
Patrick Van Ghendt
Entrevoir
Le Salon d'art
rue de l'Hôtel des Monnaies, 81
1060 Bruxelles
Jusqu'au 4 mars
du mardi au vendredi de 14 à 18h30
le samedi de 9h30 à 12h et de 14h à 17h
www.lesalondart.be
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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