Philippe Desomberg nous a quittés

Jasmine Van Hevel
31 décembre 2021

En hommage à Philippe Desomberg, disparu le 30 décembre 2021, nous republions le reportage photographique fait par Jasmine Van Hevel en 2016 dans son atelier, ainsi qu'un article rédigé par Muriel de Crayencour (qui fut son élève à l'Académie de Braine-L'Alleud dans les années 1980) en 2015, lors de son exposition en la Galerie 2016, aujourd'hui Galerie Marie-Ange Boucher. Son dernier atelier se trouvait d'ailleurs au fond de la galerie.

La pierre bleue est le matériau de prédilection de l'artiste depuis si longtemps qu'il la taille avec ce qui semble une exquise facilité. Sans doute sait-il déjà ce qui se cache dans chaque bloc. Son regard et sa vision précèdent la main et le ciseau, traçant cette courbe d'une hanche, le renflement des côtes, un ventre tendu. Notre main à nous serait bien étonnée du froid de la pierre si elle pouvait toucher le velouté d'une sculpture de Desomberg. L'artiste cherche, au travers de milliers de touches au ciseau, à sculpter, à creuser ce qui se cache derrière les corps. Il donne à voir la vibration, la lumière intérieure qui en émane, pour qui sait regarder chaque être. Il convoque une humanité profonde, riche, essentielle.

Cette maîtrise du geste, on la retrouve dans les autres sculptures, des bustes, encore, pour la plupart. Des épaules à peine esquissées, la cage thoracique, les hanches... Ou deux pieds encore enchâssés dans la pierre. La fraternité avec Les Esclaves de Michel-Ange est si évidente qu'on ose à peine la citer.

Philippe Desomberg est né en 1945 à Charleroi. Il a été pendant plus de trente ans professeur de sculpture à l'Académie de Braine-l'Alleud. Travaillant les mêmes thèmes depuis si longtemps, il taille la pierre bleue pour en extraire une beauté sans époque, nue, émouvante, en un lent processus répétant les mêmes gestes. Ses dessins sont eux aussi des morceaux de vie, tracés par des petites hachures de la mine de plomb. On y voit des corps, leur ombre, leur présence, un mouvement en train de se faire et enfin, une vibration qui émeut.

http://www.philippedesomberg.org/
http://www.galeriemab.com/

Jasmine Van Hevel

Photographe

Diplômée de l’Institut Saint-Luc à Bruxelles, section photographie, Jasmine Van Hevel shoote depuis la fin des années 1990 pour des grandes marques belges et internationales. Depuis 2016, elle publie sur Mu in the City ses reportages dans les ateliers d’artistes. Son goût pour les détails et son regard empathique font merveille pour aller à la rencontre des artistes.

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