Le Musée de la Photographie présente un aperçu documentaire des luttes sociales dans les années 1930 mais aussi, plus proche de nous, lors du combat contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Tandis que Sandrine Lopez sonde l'intime.
Le titre de l’exposition Photographie, arme de classe annonce la couleur et son sous-titre est encore plus explicite : la photographie sociale et documentaire en France et en Belgique, 1928-1936. Organisée à partir de la collection du Centre Pompidou, elle propose en effet un nouvel éclairage sur la photographie sociale et documentaire émergeant durant ces années troubles en Europe. A travers une sélection de près de 100 œuvres et une quarantaine de documents, l’exposition s’articule autour de thèmes comme l’antimilitarisme, la lutte contre les colonies ou encore les grandes grèves. Des sujets qui ont inspiré des noms illustres tels Willy Ronis, Henri Cartier-Bresson, Willy Kessels, Charlotte Perriand ou Lisette Model. Le fil conducteur ? Mettre en exergue le passage d’une iconographie pittoresque de la pauvreté, incarnée entre autres par le Paris du photographe Eugène Atget, vers une prise de conscience sociale. Plus documentaire que photographique, cette exposition touffue intéressera davantage les férus d’histoire sociale que les esthètes.
Au sortir de ces images d’années chaotiques, à deux pas de là, dans la salle adjacente, la lutte continue, plus récente, celle-là. En effet, de 2014 à 2019, le photographe Philippe Graton a vécu la ZAD de Notre-Dame-des-Landes de l’intérieur, parvenant à se faire accepter par les militants qui luttaient contre le projet de construction d’un aéroport au nord de Nantes. Armé de son appareil moyen format argentique, Philippe Graton livre un témoignage de l’intérieur de cet univers marginal, symptomatique des temps actuels et des enjeux environnementaux. La démarche de l’artiste n’exclut pas une approche esthétique lorsqu’il livre de beaux portraits empreints d’humanité. Le livre qui accompagne l’exposition révèle, en plus des photographies, les notes de terrain de l’auteur.
Enfin, changement de ton radical en pénétrant dans l’exposition consacrée à la photographe française Sandrine Lopez, dont le travail présenté s’intitule Arkhê, un concept philosophique grec signifiant l'origine, le fondement, le commencement du monde. Intimiste, onirique ou cauchemardesque, humaine mais distanciée, esthétisante, sa série plonge au plus profond de l’être et de ses souffrances. Fruits de rencontres obsédantes, angoissantes, les portraits sans complaisance de Sandrine Lopez ne laissent pas indifférent.
Musée de la Photographie
11 avenue Paul Pastur
6032 Charleroi (Mont-sur-Marchienne)
Jusqu’au 19 janvier
Du mardi au dimanche, de 10h à 18h
www.museephoto.be
Journaliste
Journaliste passionné d’art sous ses diverses expressions, avec une prédilection pour la photographie. La pratiquant lui-même, en numérique et argentique, il est sensible à l’esthétique de cet art mais aussi à ses aspects techniques lorsqu’il visite une exposition. Il aime rappeler la citation d’Ansel Adams : « Tu ne prends pas une photographie, tu la crées. »
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