La Dauwens & Beernaert Gallery a invité onze de ses artistes à occuper ses cimaises en toute liberté.
Carte Blanche rassemble quelques artistes de la Dauwens & Beernaert Gallery sans autre fil conducteur que celui de la liberté de création. Charlotte Vandenbroucke crée des peintures méditatives par un travail subtil des matières et des surfaces. Jouant de pigments argentés, ou de graphite mélangé à la peinture à l'huile qu'elle applique sur la toile comme sur la surface d'un jardin zen. Une sculpture en bois minimaliste, en bois écaillé, évoque une goutte d'eau en suspension. Les sculptures de Marco De Sanctis sont comme des bijoux exhumés d'un temps inconnu d'une nature mythifiée pour nous prévenir d'une extinction à venir. Dans Requiem for the sea, ce sont des os de seiche en bronze qui ont laissé sur le mur un panache de fumées noircies. A Taste of Decadence nous offre deux branches d'arbre en bronze comme des ultimes témoins d'un printemps révolu. Quinten Ingelaere met en œuvre avec minutie la technique picturale de la peinture ancienne pour l'emmener dans un monde étrange entre figuration, abstraction et surréalisme. En se débarrassant de tout décor, il concentre notre regard sur des formes qui, dans Muscipapdae, évoquent la dépouille d'un gibier inconnu, ou dans Queeste in Tantan, deux êtres frêles et minuscules tentant d'exister dans un paysage fantomatique. Daniele Coppola a planté son As Tree au milieu de la galerie, un tronc d'arbre fendu et dénudé inspiré des forêts finlandaises qui s'effile en pointe comme pour toucher le ciel. Près de l'entrée, A Love Story, une main courante en bronze qui raconte une histoire d'amour par le toucher. Avec leur cadre de pierre bleue, les miniatures d'Isa De Leener nous renvoient au temps des Dragons et des merveilles. Julien Saudubray laisse parler la matière, diluant ses pigments dans l'huile pour l'appliquer sur du papier de coton dans un geste mécanique qui fait ressortir toute l'incertitude des mélanges.
Comme un enfant joue avec des blocs de couleurs, Toon Boeckmans joue avec les concepts dans des sculptures ludiques, intuitives et minimalistes. Le jeune artiste gantois, déjà présent au sein du groupe, occupe également toute une salle à l'étage. On peut faire remonter une des origines du jeu de Mikado à l'époque florissante des ukiyo-e, les estampes japonaises de l'époque Edo. Boeckmans s'amuse de ce parallèle pour recréer un paysage de montagne de Hokusai qui se dessine avec les touches colorées qui marquent les bâtonnets. Une plaque de plexiglas d'un bleu lumineux transpercée d'un essaim de flotteurs aux rayures fluo sembler flotter à quelques centimètres du mur. Au-delà de sa beauté formelle immédiate, c'est comme si une transmission d'ordinaire invisible était figée pour toujours au milieu du passage. On pourrait aussi penser aux jeux de divination où l'on jette une poignée de gravier sur une surface liquide. Les astronomes les plus affutés remarqueront peut-être que l'assemblage des flotteurs reproduit la constellation des Poissons. The Sun Crosses the Border, and There No Warrior’s Arrow Can Reach It
Carte Blanche
et
Toon Boeckmans
Tossed as it is untroubled
Dauwens & Beernaert Gallery
26 avenue de Stalingrad
1000 Bruxelles
Jusqu’au 29 mai
Du mercredi au vendredi de 11h à 18h
samedi et dimanche de 14h à 18h
www.dauwensbeernaert.com
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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