La ville fait-elle toujours rêver ? Tel est l’angle d’attaque du PhotoBrussels Festival, dont la troisième édition se tient jusqu’au 20 décembre à Bruxelles, au Hangar Art Center, ainsi que dans quelques galeries avoisinantes. L’occasion de découvrir de nombreux artistes, connus ou prometteurs.
Le PBF présente cette année 17 photographes dans le magnifique lieu d’exposition Hangar Art Center, situé place du Châtelain à Ixelles. Rêve et imaginaire autour du thème de la ville, voilà le défi relevé par ces artistes pour l’édition 2018. Ils présentent leur travail où se côtoient photographie classique, photomontage et vidéo. Nos cinq coups de cœur.
Cet artiste, qui vit et travaille à Shanghai, présente de magnifiques boîtes à lumière, une démarche qui consiste à présenter ses œuvres rétro-éclairées et enchâssées dans de profonds cadres en bois qui mettent à profit perspective et jeux de reflets. De la peinture traditionnelle chinoise, Yang Yongliang reprend les codes en y ajoutant une multitude de composantes modernes. Inspiré par les peintures chinoises de Shanshui, des paysages montagneux représentés depuis des siècles, le photographe crée habilement un nouveau monde d'illusions, une vision entre rêves et cauchemars, futuristes et séculaires à la fois, dans un pays coincé entre progrès technologique et destruction. Coup de cœur parmi les coups de cœur.
Né à Ninove, Paul D’Haese est architecte d’intérieur et a suivi plusieurs formations en photographie. D’où son projet Belgopolis, qui puise dans l’absurdité architecturale belge. Ses photos semblent tout droit sorties d’un rêve hyperréaliste, où pointe un regard critique incontestable. Il semble se perdre dans des ruelles sans issue et se heurter à des murs aveugles. Le titre Belgopolis est bien sûr une référence à un territoire délimité, la Belgique, terre du surréalisme par excellence. Etroitement liées au rêve et à l’absurde, les photographies de Paul D’Haese cadrent à merveille avec le thème du festival. Laissez-vous entraîner en Absurdie, entre désespoir et humour.
Avec son projet Les yeux des tours, le photographe parisien nous invite à regarder le monde à travers les hublots des Tours Aillaud à Nanterre, en banlieue parisienne, érigées entre 1973 et 1981. Ces 18 tours abritent plus de 1600 appartements. La série photographique de Laurent Kronental nous ramènent dans un passé moderniste où la ville nouvelle devait s’épanouir dans l’audace formelle et la promesse d’une vie meilleure. Ces grands ensembles d'après-guerre, conçus pour loger une population jeune, dynamique et pleine de rêves se sont toutefois teintés de mélancolie au fil des années. Laurent Kronental a toujours été fasciné par ces constructions et de nombreuses questions lui viennent à l’esprit : pourquoi de telles formes ? Que peut-on bien voir de là-haut ? Comment vivent les habitants ? A vous de l’imaginer.
Basé à New York, le photographe d’origine israélienne Natan Dvir utilise les couloirs du métro comme studio photo, véritable observatoire de l’humain dans la ville. Sa série explore l’architecture souterraine new yorkaise, peuplée de femmes et d’hommes qui la traversent temporairement. Observés du quai d’en face, les acteurs murés dans leur solitude créent bien malgré eux un univers voyeuriste, disséqué géométriquement par l'architecture de l'espace. Rappelant les bandes noires des films photographiques, les colonnes du métro organisent en effet l'espace en plusieurs récits. Isolement, mégalopole, chaos : êtes-vous prêt pour le voyage ?
Né à Suwon, Corée du Sud, Park Seung Hoon montre la complexité des villes à travers de grandes mosaïques d’images. Dans sa série Textus, l’artiste compose des vues urbaines en assemblant une multitude de morceaux de pellicules cinéma 8 ou 16 mm qu’il découpe puis entrelace les uns aux autres, à la manière d’un patchwork textile. Plusieurs points de vue et moments différents forment un ensemble cohérent. Cette démarche incite le regard du spectateur à scruter chaque élément du puzzle. Lequel évoque des thèmes liés à la ville comme la modernité, le mouvement, la perte des repères. A vous de jouer.
Ne tardez pas : vous avez jusqu’au 20 décembre pour découvrir le PhotoBrussels Festival et les 17 artistes qu’il présente au Hangar Art Center. L’événement se prolonge par ailleurs dans plusieurs autres lieux, le plus souvent à proximité. Tous les détails sont donnés sur le site du festival.
PhotoBrussels Festival
Hangar Art Center
18 place du Châtelain
1050 Bruxelles
Jusqu'au 20 décembre
Du jeudi au samedi de 12h à 18h
www.hangar.art
www.photobrusselsfestival.com
Journaliste
Journaliste passionné d’art sous ses diverses expressions, avec une prédilection pour la photographie. La pratiquant lui-même, en numérique et argentique, il est sensible à l’esthétique de cet art mais aussi à ses aspects techniques lorsqu’il visite une exposition. Il aime rappeler la citation d’Ansel Adams : « Tu ne prends pas une photographie, tu la crées. »
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