Catherine Ringer met en vente chez Bonhams Cornette de Saint-Cyr de nombreuses œuvres de son père Sam, un artiste singulier marqué par une vie hors du commun.
Si le nom est familier, le prénom l'est moins. Né en 1918 à Oswiecim en Pologne (devenue Auschwitz pendant l’Occupation allemande), Sam Ringer a étudié aux Beaux-Arts de Cracovie, où il obtient le premier prix de dessin en 1937. Pendant la guerre, il passe par neuf camps de concentration avant d'être libéré par les Russes. De santé précaire, il cherche refuge en France en 1947 et étudie aux Beaux-Arts de Paris pendant six ans. Imaginatif et habile de ses mains, il se consacre à la peinture et à la création de meubles présentoirs en bois et en métal pour l'aménagement et la décoration de magasins.
Dans les années 80, alors que sa fille Catherine donne ses premiers concerts de son groupe Rita Mitsouko au Gibus de Paris, Sam crée des visuels en direct avec une lanterne magique de sa fabrication. Il conçoit aussi des personnages de fantômes sur du contreplaqué découpé pour le clip de Marcia Baila, dont un seul apparaitra brièvement dans la version finale.
Catherine, qui a soigneusement veillé sur les œuvres que son père avait conservées dans son atelier de la rue Marcadet, a aujourd'hui décidé d'en mettre une partie en vente.
Près de cent gravures, dessins et sculptures seront mis en vente avec des estimations à partir de 800 €. La sélection proposée offrira des tableaux aux formats et aux sujets variés des années 1950 aux années 1985. On y trouvera également des croquis aux visages stylisés que l'artiste aimait réaliser discrètement dans le métro.
« Mon père, Sam Ringer, se considérait comme un artiste surréaliste fantastique, raconte Catherine. Dans sa peinture, il a su mêler diverses influences : son côté slave se mélange à l’univers de Jérôme Bosch tout en s’imprégnant du surréalisme de Max Ernst. Chercheur avant tout, Sam Ringer s’aventurait dans la nature profonde des êtres. Abstrait ou figuratif ? Cette question systématique de l’époque le faisait souffrir. Pour lui, l’abstrait n’existait pas vraiment. Il pensait que toutes les formes de l’infiniment petit à l’infiniment grand étaient déjà dans la nature. »
Les épreuves et les émerveillements d'une vie hors du commun ont nourri une œuvre singulière et fantasmatique, hanté par ses démons, de grandes figures de l'histoire de l'art et un désir de liberté.
Exposition à Bruxelles :
Cornette de Saint-Cyr
89 chaussée de Charleroi
1060 Bruxelles
Du mercredi 8 au samedi 11 mars de 10h à 18h
cornettedesaintcyr.be
Vente :
Bonhams Cornette de Saint-Cyr,
6 avenue Hoche
75008 Paris
29 mars
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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