Max Modesti et Hervé Perdriolle présentent une rétrospective de Samantha McEwen, mettant ainsi en exergue plus de quarante ans de travail artistique. Samantha McEwen est une artiste pluridisciplinaire dont les sujets de prédilection sont l’étude des animaux, de la figure de la femme, mais aussi des fleurs. Elle emploie des techniques et des supports très variés tels que la toile, le papier japonais, le ciment, le tissu argenté. Son travail, qui oscille entre figuration et abstraction sans aucune retenue, peut difficilement être catégorisé. À découvrir jusqu’au 23 décembre, rue Saint-Georges, à deux pas de l’abbaye de la Cambre.
Samantha McEwen reste encore largement méconnue du grand public, bien qu’elle ait fréquenté le milieu new-yorkais des années 1980 et participé à l’émergence de la scène graffiti. Colocataire et amie fidèle de Keith Haring, elle a eu l’occasion d’exposer avec lui dans des lieux mythiques de la capitale culturelle américaine, comme la galerie de Tony Shafrazi. À partir de 1979, Shafrazi ouvre une galerie où il expose des artistes graffiti tels que Michel Basquiat et Kenny Scharf et devient ainsi une figure emblématique de cette époque.
Après des années de folie créative à New York, l’artiste décide de rentrer à Londres, pressentant en quelque sorte le déclin de cette génération artistique marquée par les ravages du SIDA et de l’héroïne. En plus de perdre ses amis new-yorkais – Keith Haring du SIDA, Jean-Michel Basquiat d’une overdose d’héroïne –, Samantha McEwen voit disparaître prématurément des membres de sa famille dont son père, Rory McEwen, un artiste botaniste, qui se suicide à l’annonce d’un cancer en phase terminale à l'âge de 50 ans. De cette malédiction, Samantha McEwen fait une force. Son art, empreint de légèreté, est comme une ode à la vie et semble lui permettre d’affronter la déchéance du monde avec positivité. Dans la galerie, une œuvre intitulée I’ll seing you III se détache du reste et résonne tel un hommage à l’ensemble de ses proches disparus.
En entrant dans la galerie, une série de peintures minérales sur des supports en papier japonais ganpi apposée sur le mur attire le regard. Ce papier fragile et transparent incarne le travail de l’artiste, qui pourrait se définir par une certaine légèreté. L’artiste superpose des couches de peinture en utilisant différentes techniques comme celle de l’estompage pour donner un caractère évanescent à son œuvre.
Un sujet pictural semble se démarquer dans l’exposition : celui du nuage, représentation symbolique de ce qui est éphémère, fugitif et impalpable. La question de la légèreté, de la douceur apparaît tel un leitmotiv traversant l’œuvre de l’artiste aussi bien dans la matière que dans l’objet représenté.
S’alléger apparaît aujourd’hui comme une valeur fondamentale. Si pendant longtemps, la légèreté a été jugée sans grand intérêt, associée à une certaine frivolité, elle semble désormais résonner comme une capacité à la résilience et comme un impératif dans une société confrontée aux crises multiples.
Cette rétrospective a le mérite de nous inviter à la rêverie, de nous proposer un instant d’évasion hors du chaos actuel. Ce qui est certain, c’est qu’en baignant dans un monde violent et sans pitié, l’art de Samantha McEwen apparaît comme une bouffée d’air frais, un moment de quiétude et de suavité à saisir d’urgence.
Who is Samantha McEwen
Modesti Perdriolle Gallery
27-29 rue Saint-Georges
1050 Bruxelles
Jusqu'au 23 décembre
Du mercredi au vendredi de 14h à 18h
Samedi de 11h à 18h
https://www.modestiperdriolle.com/
Journaliste
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