Rodolphe Janssen présente Sausage Party, une exposition dédiée à cette chère (à) saucisse, sous toutes ses formes, du salami au saucisson, en passant par la mortadelle. Pour aborder ce thème, un chapelet de 24 artistes internationaux est convoqué !!
David Adamo, Amber Andrews, Jonas Apers, Gina Beavers, Genesis Belanger, Beni Bischof, Lucas Blalock, Sascha Braunig, Jacques Charlier, Kasper De Vos, Wim Delvoye, Christa Dichgans, Louisa Gagliardi, Eléonore Joulin, Sally Kindberg, Sean Landers, Thomas Lerooy, Tony Matelli, Mrzyk & Moriceau, Barbara Nessim, Tom Poelmans, Emily Mae Smith et Lisa Vlaemminck ont tous un point en commun : chacun d’eux a créé une œuvre ou proposé une réflexion ayant un lien avec ce sujet à la fois surprenant et prolifique qu’est la saucisse. Broyée, hachée puis reconstituée dans un boyau, composite par nature, la saucisse incarne un produit de l’agroalimentaire standardisé sous différentes formes partout dans le monde. Longue et molle, elle n’est pas sans évoquer un univers phallique. Sausage party désigne d’ailleurs, à l’origine, une fête exclusivement composée de membres de la gent masculine.
Ce n’est pas le cas de l’exposition, qui propose une équité parfaite, avec les œuvres de douze femmes et de douze hommes.
Au centre de la galerie, la photographie grand format Blanton de Lucas Blalock, aux origines de l’exposition. En 2014, l’artiste, qui emploie fréquemment Photoshop dans son travail, photographie une ribambelle de saucisses de Francfort sur fond neutre. La saucisse, décontextualisée, devient ainsi un objet plastique grâce à ses qualités formelles. Ses propriétés esthétiques sont également interrogées dans l’œuvre de l’artiste belge Wim Delvoye, Marble Floor# 48. Par un jeu de motifs donnant l’illusion d’une luxueuse mosaïque, la texture graisseuse du salami y prend la noblesse du marbre rose. Avec humour, Wim Delvoye associe fréquemment ces deux univers opposés que sont le luxe et la culture populaire, mêlant ici le précieux au vulgaire, le minéral à la cochonaille.
Autres dérivés de l’iconographie du luxe, les compositions de Beni Bischof, avec la série sausage power. Dans ces collages, l’artiste suisse joue avec dérision sur le sérieux des magazines de mode, en affublant ses modèles de larges gants confortables, qui ne sont autres que deux morceaux de saucisses sur mesure et bien ajustés. Avec ses deux céramiques Le panier de Saucissons et Le Logis et sa Saucisse de Campagne, Eléonore Joulin présente quant à elle, des pièces détournant l’univers des contes, à la lisière de la sculpture et du fonctionnel, puisque chacune des œuvres peut (presque) être utilisée dans la vie de tous les jours, l’une comme panier, l’autre comme lampe. Après s’être plongé avec délice dans de charmantes miniscènes de la vie quotidienne des saucisses, dessinées à l’encre noire par les deux artistes Mrzyk & Moriceau, le spectateur rattrape Herr Knockwurst, une drôle de saucisse en pleine course, initialement dessinée par Sean Landers pour la Coupe du monde de football de 2006 en Allemagne. Toutes ces œuvres et bien d’autres sont à découvrir dans cette exposition qui permet de rentrer par différents angles dans un sujet riche, et pas seulement en lipides !
Il est intéressant de noter que nombreux sont les artistes à avoir travaillé ce thème, qui, bien qu’il semble décalé, offre une matière à penser riche en interprétations, qu’elles soient formelles, sociales, narratives, drôles ou critiques, démontrant une nouvelle fois qu’en art, il n’y a pas de mauvais sujet !
Sausage party
Rodolphe Janssen
35 rue de Livourne
1050 Bruxelles
Jusqu'au 30 avril
Du mercredi au vendredi de 10h à 18h, samedi de 14h à 18h
http://www.rodolphejanssen.com/
Journaliste
Diplômée de l’ERG en Arts Visuels, photographe mais pas seulement, Oriane Thomasson s’intéresse à l’art dans tous ses états, avec une prédilection pour les arts non-européen, le dessin, et la peinture. Passionnée de littérature, l’histoire naturelle et les voyages sont pour elle à la fois une source d’inspiration, et de fascination. Après avoir obtenu l’agrégation en arts plastique, écrire pour Mu in the city sur les expositions qu’elle voit lui permet de partager un regard sur l’art, et son enthousiasme pour les artistes.
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