Seize Delahaut chez Cornette

Laure Eggericx
05 juin 2015

Jo Delahaut, Eveil, 1955, huile sur panneau signée en bas à dr., 50 x 40 cm, provenant d’une coll. privée, estimation 8-12.000 euros, lot 169, vente chez Cornette de Saint Cyr le 9 juin 2015 – www.cornette-saintcyr.be


Cette œuvre typique de l’art de Jo Delahaut (1911-1992) sera mise aux enchères à Bruxelles par Cornette de Saint Cyr pour la sixième édition de sa vente Art et Design belge. Plus de 300 œuvres – toutes disciplines confondues – ont été rassemblées pour l’occasion. A côté des grandes figures du design belge – comme Jules Wabbes, Ado Chale ou Christophe Gevers, pour ne citer qu’eux – figurent de grands noms de l’abstraction de l’après-guerre comme Jean Rets, Marcel-Louis Baugniet, Léopold Plomteux ou, justement, Jo Delahaut. L’artiste, considéré comme le représentant majeur de l’abstraction géométrique belge, est présent avec 16 lots dont plusieurs proviennent d’une collection privée. Il s’agit d’œuvres sur papier (des encres, des gouaches, une aquarelle et même un collage), d’huiles et même d’une sculpture en acier laqué : le Signal bleu (1988-2007, n° III/III, estimation 4-6.000 euros), un grand signe dans l’espace qui a encore été présenté à une exposition du Musée des Beaux-Arts à Mons l’an dernier.

Figure importante de l’art belge, Jo Delahaut était également historien de l’art et professeur (à La Cambre et à l’Athénée F. Blum). Le plasticien, dont de nombreuses œuvres figurent dans les musées mais également dans de nombreux environnements, comme le métro bruxellois (Montgomery) ou le musée en plein air du Sart-Tilman, a jonglé avec quasi tous les médiums. Peintre et dessinateur, il a aussi signé des collages, des sérigraphies, des bijoux, des céramiques et même des reliures. Son langage abstrait a évolué vers le dépouillement, l’austérité des formes et l’autonomie de la couleur.

Les œuvres proposées ce 9 juin s’échelonnent de ses débuts (une aquarelle tout juste abstraite de 1948, lot 115, estimation 2.500-3.500 euros) à la fin de sa vie (lot 157, ensemble de quatre encres de Chine sur papier réalisées à ses 80 ans, estimation 1.500-2.000 euros). L’ Eveil date de 1955 et peut être rapproché des Rythmes Incas ou de la Paix, toutes deux conservées aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. C’est une œuvre pleine de rythme qui marie la ligne et les aplats de couleurs sur un fond monochrome. La géométrie dépasse son aspect décoratif et répétitif pour tenter de susciter chez celui qui la regarde un état de contemplation active, comme l’écrit le peintre : « Je n’essaie pas de créer une œuvre pour elle-même mais pour permettre à celui qui la contemple de se créer à travers elle ». A apprécier lors de l’expo. Et davantage.
 

Laure Eggericx