Dans son très bel espace dans le haut de la ville, la Mazel Galerie donne la parole à deux artistes en solo show, ce qui permet de découvrir une belle partie de leur travail à chacun, mais aussi de les enrichir par un dialogue évident. Le galeriste Edouard Mazel valorise deux expressions artistiques très différentes et pourtant intimement liées : la sculpture et le dessin. L’un marque le tout début de l’histoire de l’art, les dessins rupestres, tandis que la sculpture symbolise la noblesse de l’expression artistique durant les périodes gréco-romaines jusqu’au XIXe, alors que le dessin était presque devenu un art mineur. Une démarche digne d’intérêt.
Pour sa première exposition bruxelloise, le sculpteur français Mauro Corda présente un bestiaire mythologique. Evoquant les chimères, ces créatures qui, avant de symboliser des utopies, étaient des créatures fantastiques aux pouvoirs maléfiques : lion à tête de chèvre et queue de serpent, rhinocéros à museau de phacochère, girafe à bois de cerfs, autruche à corne de girafe, dromadaire licorne… D’un côté, ces sculptures en bronze blanc expriment le talent et la précision de l’artiste dans la représentation minutieuse des attributs des animaux rendus hybrides, d’autre part, ils donnent à rire.
Car si l’on s’éloigne de la tragédie grecque, ces mélanges sont vraiment drôles ! On retrouve dans cette exploration de la magie créatrice de la nature, un hommage à la diversité extraordinaire entre les espèces animales, mais aussi à d’autres grands artistes qui ont sculpté des bêtes magnifiques : le mouton de François-Xavier Lalanne, l’ours de François Pompon, le rhinocéros de Dali ou le cerf de Raymond de Meester, l’un de nos plus célèbres sculpteurs animaliers belges pour ne citer qu’eux.
Entourant les sculptures, les dessins au fusain et à la pierre noire sont d’une grande puissance. Valentin van der Meulen travaille autour de l’effacement. Il interroge les notions de manque, de disparition et de mémoire mais aussi de trace et d'héritage. Pour leur première mise à nu belge, ses portraits traitent du pouvoir de ce qui est caché. Tels les objets dont parle le texte autour de la caverne de Platon, les ombres ont parfois encore plus de présence que la vérité crue. Un visage peut être révélé dans ses tentatives de disparition, comme un linceul marqué des stigmates, ces signes exprimés pour celui qui peut les voir. Car tout dépend du tiers et de son interprétation. C’est cette interprétation du regardeur qui est sans doute le cœur du travail de l’artiste.
Valentin van der Meulen, Signes
Mauro Corda, Chimères
Galerie Mazel
22 rue Capitaine Crespel
1050 Bruxelles
Du mardi au samedi de 11 à 19h
http://mazelgalerie.com
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