La galerie Mathilde Hatzenberger a réuni une quinzaine d'artistes et leur a fait porter le masque.
Cette année, on a loupé le carnaval dans les rues, même si aujourd'hui tout le monde (ou presque) porte un masque. Mais ça, c'est une autre histoire. Le carnaval, lui, bat son plein chez Mathilde Hatzenberger. Dans son espace cocon, la galeriste a réuni une quinzaine d'artistes qui se sont passé le masque. On y retrouvera quelques habitués, des lieux ainsi que des nouveaux venus lancés dans une joyeuse farandole de la dissimulation et de la révélation. Photo, sculpture, peinture, gravure, tous les médiums sont permis pour jouer à cache-cache.
Silio Durt a plongé les mains dans la boîte à jouets et il en est ressorti avec une drôle de tête, comme un jaillissement incontrôlé d'acné plastique. Il peint aussi une promenade agitée, où les masques sont le meilleur moyen de couvrir l'enfance qu'on renonce à quitter. Entre la belle et la bête, la céramiste Roxanne Jackson ne choisit pas. Tous crocs et griffes dehors, sa succube à la longue chevelure n'a rien à cacher. Elle nous tend les dents, mais on ne va pas se laisser mordre. Pierre Dessons a déjà dompté quelques marionnettes, des beaux parleurs au visage tout lisse et au nez qui s'allonge. Si on sait comment les flatter, on les entendra ronronner. Et ce n'est pas parce qu'on a un cœur en bois qu'on ne peut pas faire chanter les oiseaux. Mathieu Van Assche nous a ramené une troublante photo du Carnaval sauvage, un temps suspendu entre innocence et oubli. Thibault Franc a rencontré Monsieur Oiseau et son frère. Ils promenaient leur bec, l'air important. Mais au fond des yeux, ils ont cette lueur qui ne trompe pas. Ils nous appellent à l'aide. Manon Bara voudrait disparaître derrière un voile de taches fuyantes comme une télé mal réglée ou derrière le masque d'une femme feu d'artifice. A moins qu'elle ne préfère suivre un cerf au fond des bois, là où les couleurs sont instables et si belles. La jeune femme peinte par Miguel Oliver cache bien son masque. Est-il dans cet Iroquois bleu comme une vague qui s'affaisse doucement sur un rivage ou dans l'impassibilité de ce visage trop calme ou couve la tempête. Aujourd'hui, des masques chiffonnés traînent dans les rigoles, telles des fleurs fanées. Ou comme des peaux de mue qui nous rappellent que sous les masques, il y a d'autres masques.
Mascarade Part 2
Mathilde Hatzenberger Gallery
145 rue Washington
1050 Bruxelles
Jusqu'au 6 avril
Sur rdvs
www.mathildehatzenberger.eu
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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