Walter Swennen présente une exposition à la Galerie Xavier Hufkens. Et il est aussi le héros du documentaire La langue rouge réalisé par Violaine de Villers à voir en décembre à Flagey. Deux occasions d'entrer sans effraction dans l'univers poétique et ludique de ce peintre belge.
Walter Swennen était présent au talk organisé à la Galerie Hufkens avec le peintre américain Malcom Morley. Ce vieux monsieur nous a décrit avec une passion prudente et contenue sa pratique d'artiste. Nous en reparlerons. Swennen est un grand admirateur de Morley. Quand il s'agit de peindre, les deux s'accordent à dire que le fait de peindre est à lui seul la cause de leur carrière respective.
« Il y a l'image et le mot. Je pensais que c'est là que se situe le conflit. Puis je me suis rendu compte que c'était le même univers. Cela à voir avec le rare. L'image et le mot s'opposent à la peinture. C'est là que ça se passe, explique Walter Swennen dans le documentaire. En général, le discours sur la peinture se résume à un discours sur l'image. » Les images et la peinture ne se mélangent pas. Dire le monde ou le raconter n'est pas le propos de Walter Swennen. Ce qui le passionne, c'est la peinture elle-même.
Tant dans la somptueuse rétrospective au Wiels en 2013 que dans l'exposition des dessins chez Hufkens en 2014 ou dans cet accrochage-ci, ce qui affleure de l'œuvre de l'artiste, c'est la poésie ludique et absurde, déployant un vocabulaire de formes et de mots reconnaissable, en une pratique que rien ne freine hors l'envie de peindre et dessiner. Ici une auréole, presque collée au mot ange posé à l'horizontale. Là, un visage en quelques traits noirs, recouverts de traits rouges vifs, ensanglantés. Plus loin, sur fond bleu horizon, la silhouette d'un cavalier portant couronne au bras gauche. Ici et là, rien ne se raconte et tout se dit. Il n'y a pas d'histoire et pourtant on entre dans les profondeurs d'un mystère dont Walter Swennen nous livre juste quelques clés.
Cet enfoncement délicieux dans le fait de peindre, Violaine de Villers l'a traduit en images. Son documentaire est une lecture personnelle mais adéquate de l'œuvre de son ami peintre pour lequel elle a de l'estime et de l'affection. On y voit l'artiste jouer avec les mots et partir dans des réflexions desquelles émergent pour le spectateur une compréhension intuitive de l'œuvre. « Je ne filme que les artistes que je connais. Ils doivent accepter l'idée d'ouvrir leur atelier plusieurs fois sur une période d'un à deux ans. Au travers de réflexions et de discussions avec l'artiste, le film se met en place, il y a un fil qui émerge. J'aime l'idée que je propose aux spectateurs une vision, que je rends l'artiste proche », explique la réalisatrice.
Walter Swennen
HIC HAEC HOC
Galerie Xavier Hufkens
6 rue Saint-Georges
1050 Bruxelles
Jusqu’au 17 décembre
Du mardi au dimanche de 11h à 18h
www.xavierhufkens.com
La Langue rouge
Documentaire de Violaine de Villers
Flagey (Studio 5)
Avant-première le 7 décembre 2016 à 19h30
Dates de diffusion :
Le 9 décembre à 17h30
Le 14 décembre à 17h30
Le 15 décembre à 22h
Le 18 décembre à 20h
Le 27 décembre à 21h30
Le 30 décembre à 21h30
http://www.flagey.be/fr
Fondatrice
Voir et regarder l’art. Puis transformer en mots cette expérience première, qui est comme une respiration. « L’écriture permet de transmuter ce que l’œil a vu. Ce processus me fascine. » Philosophe et sculptrice de formation, elle a été journaliste entre autres pour L’Echo, Marianne Belgique et M Belgique. Elle revendique de pouvoir écrire dans un style à la fois accessible et subjectif. La critique est permise ! Elle écrit sur l’art, la politique culturelle, l’évolution des musées et sur la manière de montrer l’art. Elle est aussi artiste. Elle a fondé le magazine Mu in the City en 2014.
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