Pourquoi un temple plutôt qu’une galerie d’art ? Pourquoi pas ?, nous répond The Agprognostic Temple, qui convoque une dizaine d’artistes pour nous offrir des clés pour explorer l’inconnu.
Il y a sans doute autant de gens qui se méfient de l’art que de la religion. Tous sont bienvenus dans l’Agprognostic Temple. Une galerie temporaire qui voue un culte à l’inconnu à travers l’art. Derrière ce projet improbable, un duo de flibustiers du monde artistique. Dome Wood, artiste australien établi à Bruxelles, et Sam Steverlynck, critique d’art et curateur occasionnel. Tous deux sont convaincus qu’en ces temps d’incertitude pandémique, il faut penser et agir en dehors des clous. Cette galerie qui n’en est pas une est tout sauf une formule cadenassée, c’est plutôt un livre ouvert, que les adeptes qui le souhaitent pourront même signer. C’est aussi une invitation à regarder l’art autrement et à révéler d’autres significations aux œuvres en les plaçant dans un contexte particulier.
Concrètement, le temple est une blanche structure modulaire ouverte, au centre de laquelle trône une mystérieuse boîte noire, The Cube of the Unknown. Celle-ci contient une sculpture de l’artiste cubain Ricardo Brey. On n’en saura pas plus avant le jour du finissage, où l’œuvre sera dévoilée. Dans un rituel qui joue sur l’attente et le désir. Comme le fait l’art. Scripted Truths, la première exposition du Temple, a été conçue comme un manifeste. On y trouve des artistes plus ou moins connus, de générations différentes. Tous se rejoignent dans des thématiques qui évoquent dans une grande cohérence la spiritualité, l’ésotérisme, les mythologies intimes ou le spiritisme. Le triptyque de Fia Cielen occupe le mur de fond telles des icônes de l'immatériel, directement en lien avec l’inconscient, avec ces éléments qui semblent sortis d’une séance de spiritisme.
On peut chercher l’avenir dans les cartes de tarot de Philippe Koeune, on y trouvera surtout les clés des deux grands dessins accrochés près du bar. On peut se demander de quelle planète revient Filip Vervaet, la vision qu’il en ramène a de quoi intriguer. Les sculptures textiles d'Isabel Tesfazghi nous ramènent sur terre, quelque part au soleil d’Ethiopie. Loin de se limiter au visuel, l’exposition caresse aussi nos oreilles avec la composition de Lou Toucard, ou nos sens olfactifs avec le brûleur d’encens de Benjamin Husson, qui a aussi réalisé deux totems hybrides, impressionnants gardiens du Temple. La vidéo de Shana Moulton confirme que tout ceci n’est peut-être pas aussi sérieux que certains pourraient le croire. Coincée dans sa maison de poupée new age, l’artiste américaine cherche les tiroirs et les clés pour en sortir. Avec The Agprognostic Temple, on a envie de dire : Tant qu’il y a de l’art, il y a de l’espoir.
Scripted Truths
The Agprognostic Temple
49 boulevard d’Anvers
1000 Bruxelles
jusqu’au 27 septembre 2020
Du vendredi au dimanche de 12 à 18h
www.agprognostictemple.com
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
Pour rester au courant de notre actualité,
inscrivez-vous à notre newsletter !
Faites un don pour soutenir notre magazine !