Début octobre, 50 oeuvres de la collection David et Alice Van Buuren seront proposées en vente publique à Bruxelles. Le Conseil d’administration de la fondation Van Buuren a décidé de se séparer de ces toiles qui se trouvaient dans les réserves et ne faisaient pas partie de l’accrochage tel qu’il existait au temps du couple Van Buuren. Et cela pour assurer la pérennité du musée.
Il y a 5 ans, un programme de restauration complète du musée et des jardins a été entamé. Aujourd’hui, les deux premières phases de la restauration des jardins se sont achevées. Restent la troisième phase des jardins (remise en état du jardin du cœur et du labyrinthe de Pechère) et la restauration de l’intérieur de la demeure. Au total, l’investissement se chiffre à 3 millions d’euros, dont 80 % sont subsidiés par la Région bruxelloise. Malgré le soutien de la banque Degroof, plusieurs centaines de milliers d’euros restent à la charge de la fondation. C’est pour ne pas entamer le capital de celle-ci que cet ensemble de tableaux est mis en vente.
Philip Serck, expert chez BA Auctions :
Nous avons été invité avec d’autres salles de ventes, à estimer les tableaux. Et nous sommes fiers d’avoir été sélectionné. Eric La Pipe et moi-même avons une expérience de plus de 30 ans dans la vente d’art. Nous essayons, avec BA Auctions, de travailler de manière internationale. Contrairement à il y a 10 ou 15 ans, grâce à internet, le marché s’est plus ouvert et le profil des acheteurs a changé. Ils sont en moyenne plus jeunes et ils ne craignent pas de visiter virtuellement les ventes annoncées. On peut aujourd’hui vendre en Chine, aux Etats-Unis, en Russie. On observe d’ailleurs des acheteurs de pays émergents qui rachètent des œuvres issues de leur culture pour les rapatrier dans leur pays.
Que pensez-vous de la question de André du Bus , sénateur de communauté et également député bruxellois portant sur le risque de voir ces toiles partir à l’étranger ?
Ce monsieur ne connaît pas le marché de l’art belge. Il est très rare que les œuvres d’artistes belges partent vers l’étranger. Elles intéressent principalement des collectionneurs belges. La majorité des tableaux d’artistes belges qui se vendent à l’étranger reviennent en Belgique. Il se peut qu’elles soient achetées par une structure étrangère derrière laquelle se cache un Belge, pour des raisons financières. Il n’y a donc pas de polémique.
Et l’idée que ces tableaux devraient aller dans les musées ?
La vente est ouverte à tout le monde. Donc aussi aux musées. Nous sommes même prêts à accepter un paiement en plusieurs tranches. Par ailleurs, il faut savoir que la Fondation Roi Baudouin a racheté des Ensor, Khnopff, Spilliaert dans des ventes étrangères pour les donner ensuite en dépôt dans des musées belges.
Cette vente vise quels acheteurs ?
Ce qui est intéressant ici c’est la proximité entre la salle de ventes, les vendeurs et les acheteurs potentiels. C’est une vente dans des conditions normales et à des prix normaux. Il y a aussi beaucoup de communication. Lors de ventes d’art belge à l’étranger, l’information passe souvent inaperçue, sauf pour les tous grands collectionneurs qui suivent de près ce marché. Donc, nous pensons que les acheteurs potentiels seront aussi des acheteurs occasionnels qui voudraient faire une acquisition « familiale ».
Parlez-nous des œuvres présentées.
Il y a de nombreuses toiles de Gustave van De Woestyne, qui était l’ami et le conseiller artistique du couple Van Buren. Il s’est impliqué dans la décoration de leur ville d’Uccle. C’est lui qui présente Constant Permeke, exilé à Londres, à David Van Buren. Permeke est aussi très présent dans cette vente. Il y a de magnifiques Rik Wouters, dont, mon préféré, le Bouquet de pivoines.
Ce sont des œuvres qui n’ont jamais été mises sur le marché et qui apparaissent d’un coup. De plus, beaucoup d’entre elles viennent de la galerie bruxelloise Le Centaure qui était florissante dans les années 20 et qui a dû fermer et vendre tout son stock durant la crise de 1929. Cette galerie présentait les plus grands, Chagall, Miro… À la qualité des oeuvres s’ajoutent la qualité des propriétaires. Le fait qu’elles soient issues d’une grande collection jouera sur le prix que les acheteurs seront prêts à donner. Le prix annoncé est objectif mais on risque d’avoir de bonnes surprises.
Paru en septembre 2013 dans L'Echo
Fondatrice
Voir et regarder l’art. Puis transformer en mots cette expérience première, qui est comme une respiration. « L’écriture permet de transmuter ce que l’œil a vu. Ce processus me fascine. » Philosophe et sculptrice de formation, elle a été journaliste entre autres pour L’Echo, Marianne Belgique et M Belgique. Elle revendique de pouvoir écrire dans un style à la fois accessible et subjectif. La critique est permise ! Elle écrit sur l’art, la politique culturelle, l’évolution des musées et sur la manière de montrer l’art. Elle est aussi artiste. Elle a fondé le magazine Mu in the City en 2014.
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