C’est une exposition à la fois panoramique et intime à découvrir au musée d’Ixelles, qui présente la collection de Caroline et Maurice Verbaet. Michel Draguet s’est occupé de la mise en lumière de ce remarquable ensemble. Démarrée il y a plus de 40 années par Maurice Verbaet seul, puis accompagné de son épouse qu’il décrit comme son “deuxième oeil”, à partir de 1989, la collection s’est constituée sans aucune intention spéculative, par pure passion et sans grands moyens.
“
Quand j’étais jeune, ce n’est que avec mon argent de poche et le fruit de petits boulots que je commençai à m’acheter mes premières toiles. Nous étions alors au début des années 1970. La documentation que je possédais à l’époque ne traitant que de l’art belge et mes moyens étant réduits, j’achetai donc plutôt du belge. Il faut avoir à l’esprit que ce n’était pas comme aujourd’hui, où toute l’information est à portée de main...” explique Maurice Verbaet.
Sur l’art de la collection, Maurice Verbaet raconte encore : “
On achète d’abord par amour de l’oeuvre. Avec le temps, on peut réaliser qu’on s’est trompé. C’est autre chose... et dans ce cas, on cède l’oeuvre... Epurer une collection est un acte essentiel. (...) Disons que pour moi, la collection, dans son évolution même, a dessiné un paysage qui est celui de mon évolution personnelle. Elle forme un chemin, un parcours qu’on remonte sans s’arrêter. (...) Dans ce contexte j’ai toujours du plaisir à rencontrer les artistes dont j’achète les oeuvres.”
Les oeuvres sont vues par le couple et par leurs enfants au moment de l’achat. Ensuite elles sont stockées. “
Pour moi, on ne montre pas un tableau dans une maison. C’est une sorte de manque de respect à l’égard de l’oeuvre qui a besoin d’un éclairage parfait (...) Et cet espace n’est pas celui de la maison individuelle avec son caractière petit-bourgeois.”
Voici donc une occasion unique d’admirer les oeuvres issues d’un siècle d’art belge : un fourmillement et quelques pépites: quelques encres habitées de
Léon Spilliaert dialoguent avec un
Grand agenouillé de
George Minne. Des gravures aux masques grimaçants d’
Ensor correspondent en tout bien tout honneur avec des dessins de
Jan Fabre. Plusieurs
Antoine Mortier, dont une rétrospective s’est ouverte au Baam à Mons, des abstractions colorées de
Flouquet, un somptueux dessin du jeune et redoutable
Stéphane Mandelbaum, une série de linos Art Déco très graphiques de
Karel Maes, des volumes dynamiques de
Jules Schmalzigaug, deux touchants dessins sur papier de
Henry Van de Velde. Une belle
Nature morte au moulin à café et petits pains de
Gustave Van de Woestijne arrête l’oeil. Et
Les pommes rouges d’Ensor...
A l’étage, de nombreux portraits, dont une gracieuse “Fille au chou” de
Firmin Baes, un délicieux trio aux identiques robes rouge vif :
Trois soeurs, de Léon Frédéric” ou un délicat portrait de
Simone Héger par Fernand
Khnopff. Pour les années 60, on pointe plusieurs Jo Delahaut et un Marc Mendelson. Un fameux panorama, en un accrochage éclectique qui privilégie dialogue formel et esthétique entre les oeuvres. A ne pas manquer.
Art belge. Un siècle Moderne
Collection Caroline et Maurice Verbaet
Musée d’Ixelles
Paru en 2012 dans L'Echo