Un printemps hollandais

Muriel de Crayencour
23 avril 2019

Depuis le début du printemps, sous l'appellation Dutch Spring, les Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique présentent les salles dédiées au Siècle d'or hollandais, entièrement rénovées, ainsi que deux expositions temporaires, l'une sur les portraits de famille par Frans Hals et l'autre sous la forme d'un cabinet des plus beaux dessins du XVIIIe siècle.

L'aile rénovée dédiée à l'Ecole hollandaise accueille des portraits, paysages, scènes de genre et natures mortes. On y découvre grands et petits chefs-d'œuvre et c'est un ravissement. Voyez ce délicieux petit paysage de Jan van Kessel, Blanchisseries près de Harlem. S'y déploie, devant un groupe de bâtiments au toit de tuiles rouges, le linge posé en rangées à sécher sur l'herbe. Ou Compagnie galante, de Gabriël Metsu : une jeune femme à coiffe et corset blancs est assise devant une table. Un homme lui sert à boire avec un beau pichet en céramique vernissée. Sur la table, une timbale en argent, une gaufre et un peu de sucre dans une assiette, petite nature morte délicate incrustée dans cette scène de genre. Ou encore La partie de musique, d'Anthonie Palamedesz, avec les musiciens portant collerette ou col de dentelle. Une scène fantastique, celle peinte par Jacob Isaacsz. van Swanenburgh en 1638, Enée conduit par la Sybille aux enfers, qui semble rassembler toutes les terreurs de l'époque. La dernière salle est consacrée aux natures mortes avec de somptueux bouquets, assemblages de rêves, car ce sont des fleurs qui fleurissent à des époques différentes de l'année, ou tables chargées de mets. Une bien belle balade dans une très riche collection.

Frans Hals


L'exposition temporaire des portraits de Frans Hals montre un ensemble exceptionnel : rassemblés pour la première fois depuis 200 ans, trois fragments du Portrait de la famille Van Campen, après que le tableau fut morcelé au début du 19e. C'est une époque où l'on n'hésite pas à tailler dans les grandes toiles, parfois pour partager un héritage, parfois aussi parce que les habitations sont plus petites. Frans Hals (1582-1666) est un virtuose du portrait et plus spécifiquement du portrait de groupe familial. En restaurant, en 2016, Trois enfants dans une charrette tirée par un bouc", qui se trouve dans les collections des MRBAB, de nouvelles informations apparaissent. Celles-ci viennent confirmer l'hypothèse selon laquelle l'œuvre est un fragment d'une peinture monumentale ayant pour sujet un large groupe familial. L'enlèvement des surpeints a permis d'établir un lien précis avec deux autres fragments conservés au Toledo Museum of Art (USA) et dans une collection privée. Aujourd'hui et jusqu'au 19 mai, ces trois fragments peuvent être vus ensemble et c'est un grand moment d'émotion. On y joint trois autres portraits de la famille Van Campen, peints plus tard par Frans Hals. Une vidéo détaille les différentes étapes de cette découverte. Passionnant.

Art contemporain


Nous vous avons déjà parlé de Wim Delvoye, qui déploie ses œuvres dans les salles d’expositions permanentes. Cette semaine, à partir du mardi 23 avril, s’ouvrent deux autres expositions d’art contemporain. Thomas Lerooy présente Behind the Curtain. En plus de ses sculptures, il montre pour la première fois des peintures.

L'artiste belge basée à Paris Agnès Guillaume expose un ensemble de cinq vidéos. Ainsi que des œuvres sur papier et des broderies. Nous vous avions déjà parlé de ses vidéos qu'elle a montrées en 2014 au Hangar Art Center puis en 2016 à la Galerie De Zwarte Panter d'Anvers. Nous en reparlerons.

Dutch Spring 
Les portraits de Frans Hals
Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique
3 rue de la Régence
1000 Bruxelles
Jusqu'au 19 mai
Du mardi au vendredi de 10h à 17h
Week-end de 11h à 18h
fine-arts-museum.be

Muriel de Crayencour

Fondatrice

Voir et regarder l’art. Puis transformer en mots cette expérience première, qui est comme une respiration. « L’écriture permet de transmuter ce que l’œil a vu. Ce processus me fascine. » Philosophe et sculptrice de formation, elle a été journaliste entre autres pour L’Echo, Marianne Belgique et M Belgique. Elle revendique de pouvoir écrire dans un style à la fois accessible et subjectif. La critique est permise ! Elle écrit sur l’art, la politique culturelle, l’évolution des musées et sur la manière de montrer l’art. Elle est aussi artiste. Elle a fondé le magazine Mu in the City en 2014.

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