C’est un salon richement décoré du château de Hofburg, en Autriche. Parquet de bois ciré et dorures des boiseries sur les murs sont traités dans la même gamme allant du jaune à l’ocre foncé. Plafond et reflet dans le large miroir sont d’un jaune plus pâle. C’est un bleu presque gris qui sert de contrepoint à tant de luminosité. Il marque les encadrements de fenêtres sur la gauche, qu’on imagine facilement donnant sur un vaste parc raffiné et garni de fontaines. Une porte au fond à gauche annonce et les reflets dans le miroir, à droite, annoncent des échappées belles.
C’est un intérieur luxueux, baroque, immense que donne à voir Jan De Vliegher. Ou peut être plus que ça. Jan De Vliegher (1964) est un peintre qui vite et travaille à Brugge. “Je prépare mes images pendant plusieurs mois, à partir de photos de lieux que j’ai visité, que je retouche, puis je peins durant quelques semaines”, explique t il. Ainsi, pour une vue d’intérieur, il déplace un fauteuil, ajoute un lustre, supprime des détails. Ensuite, il peint, avec des pinceaux d’1M de long qu’il tient à bout de bras.
Ce n’est donc pas sa main qui peint mais son épaule, et tout son corps. Lâcher la couleur sur la toile procède d’un geste extrêmement vif, fougueux, voire brutal. Il ne s’agit pas de recopier, il s’agit de transcender l’image, de la transformer en une composition intéressante. Les perspectives sont aplaties, l’agencement des couleurs prime. Ca dégouline, les taches et les coulures, sans être voulues, sont bienvenues. C’est le geste, l’acte de peindre, de manier la couleur, qui est important. Presque comme Pollock qui faisait couler la couleur directement du pot sur la toile posée au sol.
Jan De Vliegher peint avec allégresse. L’accumulation des éléments de cet intérieur, il s’en sert pour compacter ses émotions. L’aspect baroque de la décoration, il l’utilise pour faire exploser sa trucculence, sa joie, son plaisir de peintre du nord.
Jan De Vliegher
Interiors
Galerie Zwart Huis
Zeedijk 635
8300 Knokke
Jusqu’au 31 août
Fondatrice
Voir et regarder l’art. Puis transformer en mots cette expérience première, qui est comme une respiration. « L’écriture permet de transmuter ce que l’œil a vu. Ce processus me fascine. » Philosophe et sculptrice de formation, elle a été journaliste entre autres pour L’Echo, Marianne Belgique et M Belgique. Elle revendique de pouvoir écrire dans un style à la fois accessible et subjectif. La critique est permise ! Elle écrit sur l’art, la politique culturelle, l’évolution des musées et sur la manière de montrer l’art. Elle est aussi artiste. Elle a fondé le magazine Mu in the City en 2014.
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