Une bonne dose de contemporain

Philippe Farcy
16 février 2018

Raoul Dufy, Un bal champêtre, signé Raoul Dufy en bas à gauche, 1905, huile sur toile, 48 x 38 cm, 340 000 € - 560 000 €, vente du 1er mars chez Bonham's, www.bonhams.com


Le 1er mars puis le 7 mars, la salle de ventes britannique Bonham's organise à Londres deux sessions en moderne et contemporain : 88 lots d'art impressionniste et moderne puis une presque cinquantaine d'autres qui ne seront que du contemporain ou déclarés comme tels alors qu'ils remontent aux années 1950 et 1960. Les ventes sont un peu maigres mais elles mettent en lumière des tableaux et quelques autres supports comme des bronzes et des céramiques ; parfois ce sont des raretés sur le marché, ce qui ne veut pas dire que ce sera hors de prix.

Dans la première dispersion, les Français et les Allemands vont rivaliser et c'est mieux ici qu'ailleurs. On épinglera d'emblée une gouache bouillonnante d'Otto Dix (1891-1969), montrant un paysage de montagnes avec des chevaux. La composition mesure 34 x 44 cm et date de 1915. Elle revient d'Afrique du Sud. Ses montagnes bleues, blanches et au liseré rouge, répondent à des jaunes et des verts intenses. C'est spectaculaire et cela devrait se vendre entre 40 000 et 60 000 €.

On lui opposera l'intimisme d'une Rue de village en Espagne, rendu par Louis Valtat (1869-1952), peint vers 1894 sur une toile de jute de 46 x
55 cm. Le lot est évalué entre 60 000 et 80 000 €.

Quelle belle chose encore que ce Bal champêtre de Raoul Dufy (1877-1953), dans sa meilleure période selon nous, soit vers 1905. C'est une toile de 48 x 38 cm, pleine de force et d'énergie, d'élégance chromatique, qui passa dans les mains d'Ambroise Vollard, puis de la Galerie Matignon,
puis dans une vente chez Tajan en 1992 et enfin qui nous arrive d'une collection belge à qui on souhaite le meilleur. Le lot est estimé entre 340 000 et 560 000 €, ce qui est une fourche et pas une fourchette d'estimation.

La plus belle découverte est sans doute cette toile de Le Corbusier (1887-1965), jamais apparue sur le marché car achetée à la succession de l'artiste par les descendants de l'acquéreur. Le lot est nommé Barque, Baigneuse et Coquillages, sans crustacé, ni BB, mais peint assez curieusement entre 1938 et 1947. Cette toile de 100 x 81 cm est annoncée entre 1 600 000 et 2 000 000 €. Picasso, Chagall, Buffet orneront les cimaises et les socles de leurs œuvres. Il y a encore une artiste vivante dans ce panthéon et c'est Françoise Gilot, née en 1921. Son dessin à l'encre de Chine d'une jeune femme pensive est escompté entre 2 800 et 3 900 €. La feuille date de 1959 et ressemble à du Picasso. L'artiste a confirmé l'authenticité de la composition.

Pour la vente du 7 mars, il n'y aura qu'une petite quarantaine de lots. On en extraira les trois compositions de Frank Auerbach, né en 1931 et dont les toiles pèsent entre 140 000 et 390 000 €. Quelques artistes japonais nés dans les années 1920 seront de la partie, à l'instar de Yayoi Kusama, né en 1929. Sa toile No. A.A., est espérée entre 280 000 et 390 000 €. Elle date de 1958 et est restée dans la famille Read en Grande-Bretagne depuis le début. On la verrait bien chez Vervoordt à la Tefaf en mars prochain, qui sait ?
 

Philippe Farcy