Dany Danino expose l'univers théâtral et les rêveries proliférantes de ses dessins et peintures en bleu et en couleurs à la Belgian Gallery. Jusqu'au 6 avril.
Ventrebleu. On pourrait aussi dire de sang bleu. Non pas que Dany Danino se revendique d'une quelconque lignée aristocratique, mais parce que ses dessins baroques et tourbillonnants au Bic ou à l'encre bleus semblent jaillir directement de la sève viscérale de l'artiste.
De prime abord, on ne sait pas où regarder, dans ces compositions qui débordent de traits et de lignes, de visages, d'objets, de paysages. Une perte de sens qui vient peut-être de la manière dont l'artiste attaque ses dessins qu'il pose par terre, tournoyant autour, tel un rôdeur, sans se laisser piéger par un centre de gravité. Sur l'un de ceux-ci apparaît en marge le croquis d'une machine, comme un manière d'objectiver la débauche d'énergie qui traverse de part en part la feuille de papier Arches. Il faut se laisser happer et emporter par ces foisonnantes silhouettes. On reconnaît alors certaines des thématiques récurrentes de l'artiste, des visages, des corps, des mains, Notre-Dame en feu, des oiseaux et des méduses. Les trois grandes compositions qui accueillent le visiteur sont centrés sur la figure du Christ en croix. Un Christ qu'il s'approprie pour le faire tanguer, carillonner en contreplongée du clocher d'une église ou le couvrir d'un paysage sur un dessin en trois volets où le corps divin revient à la terre pour se mêler aux fleurs et aux plantes.
Une série de dessins à la plume qui flottent sur fond blanc dégagent d'avantage de sérénité et permettent de mieux apprécier la virtuosité de son trait.
La série Fantasma donne un aperçu de son approche particulière de la lithographie, dont chaque exemplaire est à la fois semblable et différent. Chaque œuvre est en effet unique puisque, après impression, l'artiste reprend sa pierre pour la redessiner en y ajoutant d'autres éléments. À chaque passage, certaines parties s'atténuent, d'autres viennent s'affirmer, comme pour dompter le magma bleu, toujours tourbillonnant. La lithographie comme le Bic ne laisse la place au repentir.
Pour la première fois, Dany Danino quitte le papier et le monochrome pour des peintures à l'huile. Sujet marin, pâte épaisse où fouettent des tentacules de poulpe, des fonds marins entre bleu d'embruns et couleur nacrée qui peuvent rappeler la patte de James Ensor.
Dans la dernière petite salle, des aquarelles d'une grande beauté. Ici encore, il multiplie les traits, mais au pinceau cette fois, superposant les couleurs pour créer une intense vibration chromatique.
Résolument contemporain dans son approche, Dany Danino ne cache pas la dette qu'il doit aux grands artistes du passé, de Rubens à Rops. Et si son dessin semble parfois au bord de l'abstraction, il y a toujours sous le bouillonnement de traits, une forme qui émerge. Un univers en expansion.
Ventrebleu
Dany Danino
Belgian Gallery
39 rue de Florence
1050 Bruxelles
jusqu'au 6 avril
Du jeudi au dimanche de 11h à 18h,
le samedi et dimanche à partir de 14h
www.belgiangallery.com
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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