Walter Swennen revient chez Xavier Hufkens avec une série de toiles récentes qui, sous leur simplicité apparente, proposent un langage visuel riche et ouvert.
Walter Swennen est parti chercher du white-spirit. Il ne nous attend pas. Ses peintures sont là pour lui. Avec leur complexité, leur simplicité, leur irréductibilité et leur humour. Des images, des mots, des couleurs et des textures assemblés en messages énigmatiques que le critique Hans Theys définit comme de la poésie concrète. Toutes les peintures présentées dans cette nouvelle exposition ont été réalisées en 2020, année de confinement, ce qui pour Swennen ne change pas grand-chose. Car si, dans la solitude de l'atelier, ses toiles absorbent inévitablement le monde extérieur, elles n'en sont pas le reflet.
Derrière leur apparente simplicité - on dira plutôt économie de moyens - se dégage une grande liberté. Chaque peinture est comme une première fois, il y a un rapport brut et savant avec la peinture. Sous les multiples couches affleurent les références à l'histoire de l'art. Une peinture peut être initiée par une anecdote personnelle, par une image, un mot vu dans le journal. Mais ce ne sont là que des étincelles de départ qui ne préjugent pas du feu de joie final. Une toile sera inspirée par un ami peintre et chauffeur de bus à Londres, une autre par une case du comics Brick Bradford que l'artiste lisait dans sa jeunesse. A partir d'une anecdote sur le séjour parisien de Piet Mondrian où le peintre hollandais a supprimé un a dans son patronyme pour le franciser, Swennen a peint une toile amusante où il règle son compte avec ce a superfétatoire. Généreux, le peintre soigne le regardeur en veillant à ne pas charger son travail de significations. Chacun en fait ce qu'il veut. Ses peintures, dit-il, ne doivent pas être comprises, mais ressenties, vécues et ramenées à soi.
Le white-spirit, il s'en servira peut-être pour diluer le temps autant que ses couleurs. Le temps et les accidents font office d'itinéraire pour une peinture qui suit les accidents et les questions apparus sous le pinceau pour se réinventer de couche en couche. Walter Swennen se méfie des systèmes et rêve d'une peinture sans intentions. Dans son cheminement pictural, il s'efforce de contrecarrer la lecture littérale de ses toiles. « Une des fonctions de la peinture, c'est d'empêcher que l'on puisse la penser. Quand on parle de comprendre, on réduit les choses à des concepts, à des mots ou à ce qu'on connaît déjà. » Walter Swennen est parti chercher du white-spirit mais il s'en reviendra avec bien d'autres choses, car il n'emporte jamais de liste de courses.
Walter Swennen
Parti chercher du white-spirit
Galerie Xavier Hufkens
44 rue Van Eyck
1050 Bruxelles
Jusqu’au 27 février
Du mardi au samedi de 11h à 18h
www.xavierhufkens.com
Rédacteur en chef
Il n’imagine pas un monde sans art. Comment sinon refléter et traduire la beauté, la douceur, la sauvagerie et l’absurdité des mondes d’hier et d’aujourd’hui ? Écrire sur l’art est pour lui un plaisir autant qu’une nécessité. Journaliste indépendant, passionné et curieux de toutes les métamorphoses artistiques, il collabore également à Bruzz et COLLECT
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